REM, toujours différents, toujours fidèles à eux-mêmes ? Il semblerait que oui. Dans la lignée du précédent « Up », les sons synthétiques se mêlent aux autres instruments, et même la section rythmique se fond dans la plénitude, dans l’harmonie générale de « The Lifting », où tout glisse à l’horizon d’un ciel calme et dégagé. On se demande si le temps va rester au beau fixe.
Le plus slow « I’ve Been High », où le rythme affirme davantage sa présence, est très électronique lui aussi, caractérisé par de longues plages de synthétiseur et des accents de confiance similaires à ceux du morceau d’ouverture. La conclusion de « Falls to Climb », sur « Up », qui délivrait un message de liberté, paraît avoir porté ses fruits : « All the Way to Reno » avance tranquillement, les guitares et les chœurs fédérant rythme et mélodie vocale.
Il est intéressant de réécouter « Up » et «
Reveal » dans une même session, car cela permet d’augmenter les effets relaxants que produit encore cette période du groUpe, longtemps après.
L’état d’esprit, atemporel et aérien, qui s’est transmis jusqu’à présent, s’offre le plaisir d’une introduction folk quand vient « She Just Wants to Be », puis la répétition chaleureuse du refrain s’accompagne d’un développement mélodique de la guitare électrique sortant exceptionnellement de sa réserve.
Le plus sombre « Disappear » ne chasse pas complètement le soleil, la tonalité de départ se maintient et accepte cette variation comme un sUpplément de force. Ceux qui avaient aimé la douceur lancinante de « You’re in the Air » sur « Up » auront également apprécié la tournure de « Disappear », finalement plus optimiste que le début ne le laissait présager.
C’est alors au piano de compléter le tableau, point de transition idéale au sein d’un « Saturn Return » particulièrement serein et appliqué, où les bruits électroniques, d’un exotisme inattendu, regardent parfois vers le Brésil (les sifflets font penser à la samba), et c’est presque a cappella que les dernières paroles s’évanouissent. « Beat a Drum », une autre belle ballade, de plus en plus intense, prend le relais avec assurance, et l’on y retrouve un peu tout le monde : piano, percussions, guitare électrique, toujours en douceur.
Respectueux des couleurs locales, le rock arrive au bon moment grâce à «
Imitation of Life », fort d’une complexité mélodique, au niveau de la guitare et de la voix, rappelant aussi bien « Texarkana » sur «
Out of Time » que les meilleurs moments de
New Order, référence qui fait surface chez
REM, comme on l’a déjà vu, au même titre que
Radiohead.
D’une inspiration plutôt orientée vers les décennies passées, « Summer Turns to High » se distingue par un usage accru du clavier, de façon atmosphérique, alors que « Chorus and the Ring » et « I’ll Take the Rain » vont davantage vers le folk, pendant que le chant atteint, à deux reprises, son paroxysme émotionnel. On finit par plébisciter la pluie autant que le soleil, avant que l’album ne prenne ses vacances (« Beachball », dernier hommage, ici, au talent des Beach Boys).
D. H. T.
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