Alors que la carrière du groupe suit une courbe ascendante depuis ses débuts et qu'il vient d'enchaîner 2 véritables chefs d'œuvres avec "
Ready an' Willing" et "
Come an' Get It",
Whitesnake est victime de ses premiers déboires. En effet, David Coverdale doit non seulement faire face à un divorce, mais sa fille tombe également malade, ce qui le pousse à tout plaquer alors que l'enregistrement de l'album est quasiment terminé. Produit par l'incontournable Martin Birch qu'on ne présente plus, ce nouveau recueil de 10 titres va donc attendre le retour de son leader, une fois sa fille guérie, pour pouvoir être définitivement bouclé, ce qui ne l'empêchera pas de respecter le rythme annuel de sorties discographiques que
Whitesnake assure depuis plusieurs années. Entre temps, la moitié du line-up ayant enregistré cet opus a changé, soit en raison de divergences humaines ou artistiques, soit parce que certains membres se sont engagés dans de nouveaux projets durant ce repos forcé. Exit Paice, Marsden et Murray, et bienvenue à Cozy Powell (batterie), Mel Galley (guitare) et Colin Hodgkinson (basse).
Cette instabilité, synonyme de fin de cycle, n'est pas sans conséquences sur ce "Saints & Sinners". En effet, il semblerait que la magie entre les 6 membres du combo était déjà bien entamée pendant l'enregistrement, poussant Coverdale à prendre en main la quasi-intégralité des compositions. Ce dernier traversant les épreuves citées précédemment, nous avons droit à quelques perles gorgées d'émotions traduisant la souffrance du charismatique leader ("Crying In The Rain"), et les questions et les doutes qui l'habitent ("
Here I Go Again").
Malheureusement, l'inspiration n'est pas au rendez-vous de l'intégralité des titres et ces deux joyaux font un peu office d'arbres cachant la forêt. Non qu'il y ait ici des morceaux d'une qualité insuffisante pour figurer sur un album de
Whitesnake, mais tout simplement parce que la formule utilisée ressemble parfois à du recyclage. Ceci est particulièrement sensible sur la fin de l'album avec un "
Love An' Affection" certes groovy mais banal pour le 'grand serpent blanc', ou des "Rock And Roll Angels" et "Dancing Girls" reprenant des clichés maintes fois utilisés par Coverdale et sa bande.
Il ne faudrait cependant pas jeter le bébé avec l'eau du bain, le bluesy "Victim Of
Love" étant gorgé d'un feeling soul, alors que la triplette ouvrant l'ensemble a de quoi faire réagir un paralytique: "Young Blood" est à la fois puissant et dynamique, "Rough An' Ready" est hyper entraînant, alors que le boogie de "
Bloody Luxury" et son piano bastringue sont d'une efficacité incontournable.
"Saints & Sinners" nous laisse donc un goût d'inachevé. Bien qu'aucun titre ne puisse être accusé de maux incurables, l'ensemble ne réussit pas à cacher la perte d'inspiration et la disparition partielle de la complicité unissant les 6 musiciens jusque-là. Voilà qui ressemble donc à une fin de cycle et entraîne quelques questions quant à l'avenir de
Whitesnake. David Coverdale a affirmé son autorité et confirme qu'il est le seul maître à bord, mais sans la magie qui donnait toute sa chaleur et son groove à la musique du groupe, vers quels rivages va t'il diriger son vaisseau ?
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