Embarquez à bord de
See Mystery Lights, vous n’êtes pas sûr de ressortir indemne de cette cage sonore où tous les coups sont permis. Les animateurs de soirée ont tout prévu pour vous déphaser en totale légalité, technique que seuls quelques rares initiés, tels Punish Yourself dans un genre plus hard, maîtrisent parfaitement. Pas d’ambiance glauque ici, juste une infection sonore aux couleurs pop capable de vous maintenir dans un état second de bout en bout. Allez-vous succomber ?
Young Americans Challenging High Technology, voilà qui esquisse parfaitement les contours de ce nouveau phénomène musical : Jona Bechtolt et son PC sont sur un bateau, Claire L. Evans sort de l’eau pour compléter cette équipe de nuit.
Première destination : une île paradisiaque peu à peu envahie par la technologie, où sonorités gaies et chœurs type gospel se mêlent au background électronique, en trois mots, « Ring the Bell ». Spatial, le voyage est aussi temporel sur cette étrange embarcation, puisque « The Afterlife » nous ramène quelques décennies en arrière, avant de nous noyer complètement sous des couches sonores successives, où seul l’entêtant couplet mené par Evans apparaît comme une bouée de sauvetage. Une fois sorti de là, on se retrouve aux mains d’un amant bien particulier, dont les coups répétés forment une rythmique implacable seulement modérée par un refrain léger et optimiste… « I’m In Love With A Ripper » se révèle être un titre bien décalé, une règle chez Yacht ?
Décalés, peut-être, mais réellement maîtres à leur bord…Jona nous livre une performance unique à partir de son ordinateur, rappelant d’ailleurs avec humour le nom du groupe au moyen de petites touches de sons aquatiques, types bulles de poisson sur « We Have All We’ve Ever Wanted » ou encore la tubesque « Psychic City Voodoo City», chanson planante et fraîche, véritable petite pilule de bonheur à consommer sans modération.
L’énergie est véritablement le point fort de nos Américains, et si elle a contribué à la renommée de leurs lives, elle devrait en faire autant avec cet album. Des morceaux comme « Summer Song » ont en effet un vrai côté électrisant qui aurait son petit succès sur un dancefloor. Néanmoins, le phénomène psychédélique de répétition, des sonorités comme des paroles, anesthésie l’esprit jusqu’à donner le mal de mer, ce qu’illustre particulièrement le titre « It’s Boring/You
Can Live Anywhere You Want ». L’écoute complète de
See Mystery Lights ne se fait donc pas sans un certain matraquage de cerveau, c’est pourquoi il vaut mieux distiller le plaisir de la traversée.
Yacht apparaît donc au travers de cet opus survitaminé comme une valeur montante bientôt incontournable pour vos enceintes. Jona Bechtolt, se faisant pionnier à l’heure où la musique cherche un renouveau, a en effet su rajeunir et moderniser encore un genre qu’avaient révélé des groupes comme LCD Soundsystem, et ce simplement à partir de son laptop. L’ajout de la voix de Claire Evans sur cet album a su apporter une touche paradoxale de fraicheur et de piment, hypnotisant pour nous embarquer dans cette orgie de beats hallucinatoires, d’où il vaut mieux sortir rapidement, car l’abus de See Mystery Light est dangereux pour la santé à trop forte dose, du moins donne-t-il la migraine...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire