Si "
Vision of Diversity" laissait entrevoir un brillant avenir à General Store, le quatuor bordelais s'est malheureusement heurté à la désespérante réalité du paysage rock français. En effet, malgré d'excellentes chroniques, les retours concernant la scène furent loin de ce qu'un album de cette qualité aurait justifié. Ajoutez à cela le remplacement d’Urban Chad, batteur historique du groupe, par le cogneur allemand Pascal Boy, et vous aurez une idée plus précise de ce qui peut justifier un délai de 5 ans avant la sortie de ce nouvel et attendu opus.
Heureusement, les Girondins sont capables de positiver dans des situations contrariantes et en ont profité pour bichonner leurs compositions et même en tester certaines en live. C'est ainsi que les aficionados ont déjà eu l'occasion de découvrir le riff obsédant du puissant et dynamique "Celebrate" qu'un
Lenny Kravitz n'aurait pas renié, le titre éponyme propulsé par une basse vrombissante et digne d'une locomotive lancée à pleine vitesse, et doté d'un break à l'ambiance urbaine faisant office d'arrêt en gare pour recharger les batteries, ou enfin, la ballade mid-tempo "Get Back Home" digne du Allman Brothers Band et sur laquelle la voix de Bob apporte toute la chaleur du foyer retrouvé. Autre titre découvert en avant-première, le léger et sautillant "Deadly Star" et son double chant assuré par Will et Bob et à l'irrésistible groove de batterie, qui a été retenu pour figurer sur la compilation contre le cancer du label Composit-Music.
Pourtant, malgré toutes ces découvertes précoces, "
Somewhere in the Middle" est tout sauf un album prévisible, même si Lester et sa bande tentent de nous refaire le coup de la ballade aérienne et épique à la "California" avec un "After the Winter" bien plus chaud que son titre pourrait le laisser entendre. Alors que certains reprochaient à General Store de rester trop proches de leurs idoles de Gov’t Mule, ce nouvel opus prend quelques distances avec le combo de
Warren Haynes sans pour autant le renier. La principale raison semble en être la montée en puissance de Bob Francks dont les claviers sont bien plus mis en valeur que sur "
Vision of Diversity", enchainant les soli et duels avec la guitare toujours aussi gorgée de feeling de Will Lester, mais prenant également le chant en charge sur la moitié des titres. Il rajoute ainsi ses influences Soul au mélange Blues-Rock que nous connaissions, pour un résultat des plus enthousiasmants. A ce titre, "My Father Said" est un petit bijou bénéficiant également du groove amené par Pascal Boy, et déversant sa bonne humeur et ses superbes soli pour notre plus grand plaisir.
Difficile de citer chaque titre de "
Somewhere in the Middle", tous ayant cette qualité rare de dévoiler de nouveaux trésors à chaque écoute. Varié et cohérent, bénéficiant d’une production plus en adéquation avec l’identité de General Store en mélangeant puissance et chaleur, et faisant preuve d’une maturité supérieure sans pour autant négliger les envolées instrumentales orgasmiques de son prédécesseur, cette nouvelle livraison discographique voit le quatuor passer à un étage supérieur en faisant évoluer son Blues-Rock sans le défigurer, et il serait particulièrement attristant que le paysage musical hexagonal ne lui donne pas enfin la reconnaissance qu’il mérite. Un album à se procurer d’urgence car il s’installera durablement sur vos platines
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