Si je vous dis que ça s’appelle
Zombi et que ça sort chez Relapse, vous allez me répondre quoi ? … Ben, facile, c’est du bon gros death qui tache !? … Et là, je vais vous rétorquer : et bien non, point du tout, chèr(e) lecteur/lectrice, devant vos yeux écarquillés et votre trogne ébahie. Comme quoi, l’habit n’a jamais fait le moine, pour citer le célèbre adage. Effectivement, aucune trace de death ni même de metal extrême n'est à signaler chez
Zombi, qui n'a de lien avec des éléments un tant soit peu sanguinolents que par ses tous premiers enregistrements (la démo éponyme et l'EP "Twilight Sentinel", tous deux sortis au début des années 2000) très inspirés des travaux de
Goblin et Fabio Frizzi, respectivement compositeurs des bandes-originales des œuvres de Dario Argento et Lucio Fulci, deux réalisateurs incontournables dans le domaine du cinéma d'horreur.
Zombi : un nom également choisi par rapport à Pittsburgh où les deux musiciens aux commandes du projet, Steve Moore et Anthony E. Paterra, ont grandi et résident encore actuellement, qui est accessoirement la ville où se sont déroulées les séances de tournage de la fameuse trilogie des morts-vivants de Georges A. Romero. Voilà pour la petite histoire…
Le duo américain s'est depuis bien éloigné de cette première mouture stylistique, tout en gardant son nom originel, ce qui peut évidemment être source de confusion. Et je dois vous l’avouer, j’ai été totalement bluffé à la réception du CD-promo de leur dernier album en date "
Spirit Animal", qui m’a permis, outre de découvrir un très bon groupe, de me révéler une facette de Relapse que je ne connaissais ni ne soupçonnais, celle d’une musique orientée rock, expérimentale et progressive se situant à des années, que dis-je, des siècles-lumières des productions habituellement destinées aux adeptes de carnage musical réalisé à grands coups de riffs propulsés comme la tripaille hors d'un cadavre tout frais estrassé sous presse hydraulique, cible privilégiée du label américain qui, comme bon nombre de boîtes spécialisées metal, sait d'évidence s'ouvrir à d'autres horizons musicaux … ce qui est tout à son honneur !
Zombi ainsi que
Don Caballero sont deux parfaits exemples de cette facette "hors standard" de Relapse. Deux formations qui ont pour autre point commun de donner dans l'instrumental pur. Mais là où Don Cabalerro adopte une base guitare/basse/batterie sur laquelle sont érigées des compositions aux structures complexes et à la consistance parfois lourde,
Zombi dessine au travers de sa musique des paysages très éthérés où les synthétiseurs se posent en instruments-maîtres dans la veine d'un
Tangerine Dream époque "Rubycon"/"Cyclone", l'influence principale du groupe, soit de longues compositions qui dépassent parfois allégrement la barre des 10 minutes, enchevêtrements de lignes synthétiques aux élans futuristes et vaguement symphoniques, de notes scintillantes et d'effets de distorsions psychédéliques coulant en un flot continu de nappes et d'harmonies, vivaces réminiscences d'une époque (fin 60' - début 70') où naquit la scène ambiante à partir du terreau constitué par les expérimentations de la scène psyché.
Troisième album de la formation américaine, "
Spirit Animal" se démarque des précédentes réalisations par ses nuances plus lumineuses et avenantes, s'éloignant des rivages sombres et austères de "
Cosmos" et "
Surface to Air", de par le choix de sonorités radieuses, le recours à des claviers organiques (piano, orgue), l'adjonction de guitares et l'omniprésence d'une rythmique basse/batterie groovy sans pour autant être syncopée, et sans pour autant non plus voler la vedette aux sacrosaints synthétiseurs, accompagnant ces derniers plus que ne les guidant, dans des structures plaçant la répétitivité en mode d'expression rythmique auquel le jeu sur plusieurs tonalités, l'enrobage instrumental évolutif et les multiples breaks confèrent la dose indispensable de relief, évitant ainsi tout sentiment de lassitude, d'une manière que ne renierait pas le compositeur contemporain Philip Glass.
En ressort une musique plus dynamique et moins assujettie au minimaliste ambiant que par le passé. Un véritable space-opéra relatant une épopée intergalactique s'ouvrant sur les chœurs grandiloquents et nappes célestes de l'intro du morceau-titre, avant de s'élever en un low-tempo hypnotique habité d'effets électroniques scintillants comme autant d'entités astrales à l'éclat aveuglant, laissant entrevoir quelques instants combinant leads aériens et nappes vaporeuses dans une veine typiquement floydienne époque "Wish You Were Here"/"Animals", en une progression entrecoupée d'un pur moment de grâce, se matérialisant en un long passage purement ambiant, au climat à la fois énigmatique et paisible, éblouissant par ses arrangements de cordes et de flute accompagnés de guitare acoustique sans se départir de son aura futuriste, avant que le morceau ne se recale sur son thème initial.
Le voyage se poursuit avec le triptyque "Spirit Warrior" / "Earthly Powers" / "Cosmic Powers" se posant en véritable stimulateur de notre psyché s'imaginant flotter dans le vide interstellaire, au travers de mille et une galaxies riches en systèmes planétaires inexplorés, s'ouvrant à notre regard émerveillé, avide de découvrir les milliers de mystères que recèle l'infinité cosmique. Trois morceaux au tempo enlevé et à la basse remuante, "Spirit Warrior" déroulant ses cavalcades synthétiques, "Earthly Powers" laissant de nouveau apparaître quelques résidus floydiens et "Cosmic Powers" s'achevant sur une rythmique énergique, presque tribale.
Seul "Through Time", qui débute pourtant dans la même lignée que le reste de l'album, dénote par son aspect menaçant et son atmosphère hostile, la prédominance de la basse, vrombissante autant qu'écrasante, le tempo saccadé et la métamorphose des nappes éthérées en sonorités un brin bruitistes donnant l'impression de se perdre dans des profondeurs insondables, happé par un interminable vortex spatio-temporel dont on redoute l'issue.
Un passage à travers le temps et l'espace … un possible lien vers le prochain album et un éventuel retour à une expression plus sombre ? … Nul ne peut le savoir aujourd'hui, si ce n'est les deux têtes pensantes du projet
Zombi, qui ont accouché avec "
Spirit Animal" d'une œuvre fort passionnante bien que pas forcément originale si l'on considère ses influences pour le moins évidentes. Impossible également de ne pas penser, à l'écoute de cet album, à la longue fresque space-rock/ambiant qu'est le "Voyage 34" de
Porcupine Tree, dont on retrouve la même propension au périple de l'esprit, loin, très loin de notre bonne vieille Terre, bien que la musique de
Zombi soit moins introspective de même que moins chargée en psychotropes.
"
Spirit Animal" n'en demeure pas moins un album réjouissant, un album comme on n'en fait quasiment plus à l'heure actuelle, paré d'un côté kitsch typé vieille série de science-fiction, pas déplaisant pour un sou, et doté d'une production de haut vol, claire et foisonnante de détails, permettant à la fusée
Zombi de respirer à pleins propulseurs au propergol.
Alors, chers passagers, parés pour un grand voyage par-delà les constellations d'outre-espace ? … Prêts ? … Embarquement immédiat !
Niveau chronique, il y a des passages trop descriptifs où tu laisses exprimer ton lexique avancé? si bien que cen est rebutant à la fin.
Autrement, tu mas donné envie de my pencher sur ce Zombi et ça, il fallait le faire !!
Merci Vin / Relapse Rec.
Tant mieux si mon imperméabilité à la musique atmosphérique de Zombi t\\\'as fait découvrir un groupe intéressant.
C\\\'est marrant, ta chronique est pile dans le ressenti de ce que j\\\'ai écouté avant de t\\\'envoyer le skeud, seulement mon truc ce n\\\'est pas vraiment les croisières cosmiques défoncé à bord du Titanic de l\\\'espace, je préfère torcher un litre de Ricard avec Han Solo et embarquer à bord du faucon millenium pour gagner un peu de temps...
Sans déconner, merci BG pour m\'avoir transmis cette promo. Si à l\'avenir tu tombes à nouveau sur des petites pépites de ce genre, tu sais à qui t\'adresser ;)
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