Mountain Men, il suffit de les voir pour deviner ce qu'ils font : un guitariste (acoustique)/ chanteur, et un harmoniciste. C'est tout. Avec ça, on a du mal à s'imaginer un groupe de néo indus thrash polka finlandais underground, et on a raison. On parle évidemment de Blues. Et pas n'importe quel Blues. Celui que nous jouerait un groupe de clochards, passagers clandestins d'un train traversant les Etats-Unis, pour nous raconter leurs (mes)aventures. Sauf que ceux-là sont Français et n'ont rien de clochards.
On voit déjà les puristes clamer que le Blues français ne pourra jamais atteindre la cheville des Américains. Mais les
Mountain Men ne sont pas des débutants dans le milieu : l'un, ancien champion du monde d'harmonica blues, et l'autre, guitariste passionné par Skip
James ou Robert Johnson, excusez du peu.
Mais tout ça ne fait pas tout, alors écoutons donc
Spring Time Coming, florilège de quatorze de leurs chansons.
L'album s'ouvre sur la chanson titre de l'album, qui débute calmement, comme assis sur un rockin' chair. Mais tout à coup, le rythme se met en place, et le calme se transforme en envie de taper du pied, et remuer de la tête. Le duo guitare/harmonica est d'une efficacité impeccable, vue la dextérité des deux musiciens. Puis vient le chant surprenant de Mr Mat qui sort sa voix rauque, grave et puissante, rappelant les pionniers du Blues, ou encore
Tom Waits.
On trouvera, tout au long du disque, une alternance entre le Blues « joyeux » (sic) et entrainant, et les ballades mélodieuses et émouvantes. Parfois même, l'alternance se fait dans les morceaux-mêmes, de manière inattendue (« Blues Before My Time », par exemple).
On a droit à un Blues d'une qualité exceptionnelle, qui, tout en restant fidèle au genre, en évite les clichés. On ne nous sert pas les trois mêmes accords habituels ; ici, la composition est bien plus recherchée, jumelée à le technique impressionnante des deux musiciens : on ne peut qu'aimer.
Le répertoire non plus n'est pas limité, puisqu'on trouve vers la fin de l'album, une reprise très originale des « Marquises » de Jaques Brel. Le blues belge semble alors une excellente idée.
On regrettera cependant l'apparente longueur de l'album, dont les chansons se répètent un peu, comme l'exige le style, mais on ne s'ennuie pas pour autant.
Voici donc un disque qui pourra concilier les puristes du Blues, et ceux qui n'en écoutent pas. Chapeau, les artistes.
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