Eddie Cochran fut une figure à part du Rock'n'Roll des années 50. La brièveté de sa carrière (de 1956 à début 1960), son nombre de hits (une multitude en Grande-Bretagne, mais quasi inconnu aux U.S.A.), son style de jeu de guitare (ce qui lui valut, bien plus tard, le surnom de "Grand-Père du Punk") et, bien entendu, les causes de son décès (accident de voiture) nous font penser immédiatement à
James Dean. Bien entendu, pour Jimmy, il n'est pas question de jeu de guitare, mais du jeu d'acteur, mais les similitudes entre les deux légendes sont assez nombreuses.
Eddie avait commencé sa carrière musicale avec un dénommé Hank Cochran qui, malgré sa similarité patronymique (oh! la vache, je m'exprime drôlement bien, ce matin!), n'avait rien à voir avec lui. Néanmoins, ils se baptisèrent "The Cochran Brothers". ce qui prouve que, quand on veut bien s'en donner la peine, trouver un nom de groupe peut parfois sembler une évidence. Rien de bien transcendant là-dedans, à part "Tired & Sleepy", qui préfigure déjà ce que veut vraiment faire le rageux Eddie. Du Rock'n'Roll.
Détailler les 40 chansons de cette compilation serait vite rébarbatif, et pour vous, et pour moi, c'est pourquoi je vous propose de les classer en plusieurs catégories. Commençons donc par ce que l'on appellera les chansons "à Riff", celles qui lui valurent, pour la plupart, son fameux surnom de "Papy du Punk". Sous cette étiquette, on peut classer la majorité de ses tubes, comme "Somethin'Else", "Summertime Blues" ou "
C'mon Everybody", mais également d'autres moins connues comme "Nervous Breakdown" ou "Sittin' in the Balcony". Ces chansons sont très facile à retenir car une phrase musicale revenait en permanence vous marteler le cerveau et s'incruster dans votre subconscient, et Eddie avait une grande facilité pour écrire cela. Ce sont ses tubes qui ont marqué le public et bon nombre de guitaristes en herbe, qui passèrent des heures à essayer de reproduire le fameux "Tin-Tin-Tin-Tin" de "Summertime Blues" (et je sais de quoi je parle!).
Dans une autre catégorie, on rangera les "Rocks", car Eddie était avant tout un chanteur de Rock (pas toujours très juste, d'ailleurs, mais tellement "hargneux"...). Parmi celles-ci, classons donc l'immense "Twenty Flight Rock", qui le fit connaitre via le cinéma et "The Girl
Can't Help It" ("La Blonde et Moi", et non pas "Elle Gueule Quand Elle Pète"), "Jeanie, Jeanie, Jeanie" ou encore "Skinny Jim". Cochran étant un "songwriter", la plupart des chansons que je vous ai déjà citées sont signées de lui, ou co-signées par Jerry Capeheart, avec qui il travaillait depuis la fin de sa collaboration avec Hank Cochran, ou Sharon Sheeley, sa fiancée, qui écrivit quand même "Somethin'Else", rien que ça! C'est pourquoi il est à noter que, dans cette catégorie des "Rocks", on doit ranger deux de ses rares reprises, "
Blue Suede Shoes" de
Carl Perkins et "Long, Tall Sally" de
Little Richard, sans jamais surpasser les versions originales, d'ailleurs.
Avant de devenir le "Riffeur Fou",
Eddie Cochran apprit la guitare en écoutant et reproduisant les airs Country qui passaient sur la radio familiale. On retrouve ses origines Country sur des morceaux tels que "Cut Across Shorty", allégorie sur le thème du "Lièvre et de la Tortue", "Bo Weevil Song" ou "
Completely Sweet". Eddie apprit le Blues lorsqu'il quitta son Minnesota natal pour la Californie et on peut entendre le résultat avec "Milk Cow Blues" ou "
My Way" (rien à voir avec le "
My Way" de Cloclo, Elvis, Sinatra ou les Pistols). A noter une reprise de "Hallelujah, I Love Her So" de Ray Charles, honnête mais pas inoubliable par rapport à l'originale.
Et puis, il faut le dire, Eddie a composé un nombre impressionnant de daubes, principalement des chansons lentes où, malheureusement, les défaillances de sa voix se faisaient parfois cruellement ressentir. Il n'était jamais aussi à l'aise que lorsqu'il fallait "envoyer la purée", c'est-à-dire s'érailler la voix, hurler, cracher ses textes. Le vrai
Eddie Cochran est là. Et même si l'ensemble de cette compil' n'est pas d'un niveau homogène, les plus grands morceaux du Teigneux sont là.
Dans cette compilation, il y a des morceaux que vous allez détester. Et d'autres que vous allez passer en boucle, parce que c'est ça, le Rock'n'Roll; il y a toujours un "truc" à découvrir. Ou à redécouvrir. En regardant dans une discothèque, il y a toujours un album de Cochran. On le voit, on se dit qu'on le connait par coeur. Et, un jour, on s'aperçoit que ça fait 20 ans qu'on ne l'a pas écouté. Alors on le met sur la platine. Et, d'un seul coup, tout revient; les riffs, la voix... Et c'est bon, très bon, même. ca fait du bien entre les feuilles.
Il ne faut pas oublier que l'ensemble de ces morceaux ont été enregistrés entre 1956 et 1960; en avril,
Eddie Cochran finissait une tournée en Grande-Bretagne. Il prit un taxi pour se rendre plus vite à l'aéroport, avec Sharon, sa fiancée et
Gene Vincent, son pote. Le taxi s'enroula autour d'un réverbère. Eddie mourût la guitare sur les genoux. Sa guitare, la fameuse Gretsch G6120, deviendra la guitare des Grands Rockers. Tout cela s'est bâti en 3 ans.
La Grande Légende du Rock dit que si les Rockers s'habillent en noir, c'est pour rendre hommage, pour porter le deuil d'
Eddie Cochran. Peut-être est-ce vrai...
HotRodFrancky
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