Avec A,
Jethro Tull présentait son nouveau changement de direction, plus électronique, et
The Broadsword and the Beast arrive en successeur désigné, garni de sonorités synthétiques, mais gardant quand même la simplicité et le ton de la période 77-79. En mal de chef d’oeuvre depuis quelques années, le groupe de
Ian Anderson semble tiraillé entre une évolution électronique inévitable et un refus d’intrusion des sonorités de 1982. En conséquence,
The Broadsword and the Beast peine à trouver sa voie, oscillant entre un rock 80’s plus ou moins affirmé dans Beastie ou dans une veine folk électronisée proche de
Songs from the Wood dans Pussy Willow, difficile de reprocher grand chose à de tels titres, mais difficile de leur trouver quoique ce soit de vraiment exceptionnel. Le groupe traine même dangereusement dans un domaine pop synthé dans Flying Colours et se perd même dans le slow sans originalité avec Slow Marching Band, pourtant assez plaisant mais indigne d’un tel groupe.
Heureusement l’inspiration n’est pas morte et le groupe réserve de belles surprises, à commencer par
Fallen on Hard Times, remettant à merveille les ambitions progressives au goût du jour, sans trop en faire, et intégrant habilement les sonorités new wave en vogue pour un résultat surprenant et original. L’autre belle réussite de l’album est
Broadsword, également dans une veine progressive remise à jour, et contenant des mélodies épiques et des changements de ton admirablement maitrisés.
Dans une veine plus moderne, sans pour autant atteindre des sommets, Watching Me Watching You fait bonne figure avec ses synthés plutôt bien dosés et un ton globalement original. Après avoir accumulé les volte-faces durant la décennie précédente,
Jethro Tull semble à court d’imagination.
The Broadsword and the Beast manque de clarté et pêche souvent par manque de ligne conductrice. Néanmoins le talent et l’inspiration d’Anderson resurgit parfois et force l’admiration, permettant au groupe le temps de 2-3 titres de s’illustrer dans des domaines aussi créatifs et surprenants qu’à la grande époque, ce qui rend cet album pas si mal dans l'ensemble. De plus,
Jethro Tull ne semble pas décidé à suivre le chemin du commerce et de la pop 80's, un choix respectable et plutôt rare à cette époque.
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