The Devil and God Are Raging Inside Me

Liste des groupes Rock indépendant Brand New The Devil and God Are Raging Inside Me
ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
17/20
Nom du groupe Brand New
Nom de l'album The Devil and God Are Raging Inside Me
Type Album
Date de parution 20 Novembre 2006
Style MusicalRock indépendant
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1. Sowing Season (Yeah)
2. Millstone
3. Jesus Christ
4. Degausser
5. Limousine
6. You Won't Know
7. Welcome to Bangkok
8. Not the Sun
9. Luca
10. Untitled
11. Archers
12. Handcuffs

Acheter cet album

 $27.41  46,30 €  15,00 €  £4.56  $55.72  3,72 €  8,00 €
Spirit of Rock est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Brand New


Chronique @ Blaireau3000

10 Janvier 2014

Une claque émotionnelle.

Comme on le dit souvent pour justifier à peu près tout et n'importe quoi, "il faut une première fois à tout". Alors concrètement ça donne quoi une première chronique ? Au début ça donne un choix à faire, "Ma chronique, je la fais sur quoi ?". Ça peut sembler bien dérisoire pour un exercice qui à priori n'aura pas grande influence sur la vie du plus grand nombre -ni la tienne d'ailleurs-, et qui n'a en plus pas vraiment de contrainte. Pourtant au moment où tu te lances c'est la chose la plus importante de ta vie. Du coup tu veux faire LE bon choix, prendre un album que tu aimes, le faire partager. Après tout un album que tu adores c'est le meilleur moyen de trouver l'inspiration vous pensez pas ? C'est là que je me retrouve à parler de Brand New, et de cet excellent album qu'est The Devil and God Are Raging Inside Me. Pour dire à quel point j'aime cet album, je pense qu'une intro/accroche ne serait pas suffisante, alors c'est pour ça que je vais en faire une deuxième avant de passer réellement au vif du sujet, parce que j'ai envie, et qu'accessoirement je n'ai aucun respect.

Quand on fait de la musique, comme n'importe quel art en allant par là, c'est l'émotion qui prime le plus souvent. L'inspiration vient de ce que l'on ressent que ce soit la joie, la colère, la mélancolie ou la tristesse. De nos jours avec les progrès technique, la généralisation des connaissances, n'importe quel clampin peut faire de la musique s'il en apprend les bases. Mais il y a quand même le talent qui change la donne. Et le talent, les petits mecs plus si petits que ça de Brand New en ont quand même pas mal. De l'inspiration, Jesse Lacey il en trouve, il en trouve assez pour non pondre un album comme ça, un pur concentré de tristesse et de désespoir, de rage profonde. Un jour il blaguait dans une interview sur le fait qu'un jour peut-être Brand New allait écrire des chansons joyeuses. Le fait est que si vous en cherchez sur cet album vous allez être vite déçu. Pour ceux qui n'ont rien contre être emporté dans un océan de chansons plus badantes les unes que les autres, vous avez là un bijou. Concrètement, qu'est-ce que ça donne tout ça ?

Et bien ça donne un premier morceau forcément, Sowing Season. Tout commence le plus simplement du monde, une guitare avec un ligne assez simple, continue, mais prenante, et un voix calme, posée, mélancolique à souhait. Un début que te dis "Et ouais mon gars, moi tout seul je peux te faire pleurer si je veux.". Vient juste après un premier "faux refrain" une lead guitare avec une mélodie bien sentie, remplissant l'énorme vide autour de ce simple duo voix/guitare, qui supporte là un voix plus poussée. Le tout monte jusqu'à l'explosion du refrain, un énorme "Yeaaah" plein de hargne, servi par une instru lourde ce qu'il faut, et encore cette lead guitare qui nous suivra tout au long de l'album. C'est là que je voulais en venir, c'est là qu'est l'esprit de cet album, la progression. Pas dans le sens rock progressif utilisé à tout va de nos jour (même si certaines chansons peuvent clairement être qualifiées comme tel), mais je parle bien là des sentiments. Tout l'album est construit sur la tristesse de base, sur le désespoir que l'on éprouve, et qui d'un coup deviennent une rage puissante qui te prend aux tripes.
C'est une fois ce point expliqué que ma chronique va devenir moins précise sur la forme des morceaux. Je pourrais parler pendant cinq heures de chacun d'eux, rien ne vaudra une bonne écoute, que je vous conseille hâtivement et activement même. Maintenant que vous avez compris le principe de base, je pense que nous pouvons enchaîner.
On repart donc sur un Sowing Season typique de l'album. Deux choses restent à préciser sur cette chanson. Tout d'abord la qualité de la batterie, toute en tension, qui même si elle n'est pas exceptionnelle est quand même un peu difficile et de très bonne inspiration. Car c'est quelque chose que je regrette fortement, c'est la simplicité du jeu de Brian Lane dans certaine chanson. Certes, cela s'y prête mais il pourrait être bien plus présent. Mais cela nous y reviendrons et là je pensais utile de le faire remarquer. Seconde chose, le petit break qui finit par Jesse s'écriant d'une voix lointaine ce parfait "I'm not you're friend", car c'est là un des atouts du bonhomme, sa voix lorsqu'il crie. Cet homme est fait pour chanter des trucs qui lui tiraillent le ventre, et qui lui donne envie de crier, pour nous emporter avec lui de la plus belle des façons.
Après cette longue tirade passons au deuxième morceau, Millstone. Si vous me permettez une énième digression, j'aimerai qu'on parle rapidement du jeu de Brian Lane, car là il est assez représentatif de ce qu'il nous livre durant tout l'album. On a deux façons de jouer sur ce titre, celle du refrain est classique, un rythme sur quatre temps "poum tchak, poum poum tchak" pour faire simple. Bien entendu c'est bien fait, bien entendu ça colle avec le morceau, mais quand on entend son jeu sur les toms pendant le couplet et à la fin, les temps qu'il prend pour jouer tout en douceur mais avec tant de puissance, on regrette qu'il soit en retrait pour le reste. C'est d'ailleurs le refrain qui dessert un peu la chanson, il est un peu en deçà des couplets et du break, moins prenant. Le morceau est quand même très bon, et la fin de break où Jesse met un peu plus de puissance dans sa voix est encore une fois des plus parfaits.
On a ensuite Jesus Christ, premier single de l'album, un morceau d'une simplicité et d'une efficacité surprenantes. L'instrumentale est véritablement prenante, le morceau nous emporte de plus en plus jusqu'aux trois dernières phrases plus criées que les autres, une pose, et une reprise de l'instrumentale qui ne fait que nous emporter encore plus loin. Une chanson qui se ressent ni plus ni moins.
Juste après ça on passe à selon moi LA chanson de l'album, et ce pour deux raisons. D'abord, Degausser est un parfait exemple de la réussite de l'album. Simple, prenant, émouvant au possible, et un refrain qui t'envoies tellement dans la gueule que tu te sens obligé de l'aimer. Bref, c'est pas une chanson c'est une leçon, il n'y a pas à en rajouter. Deuxième raison et certainement autre digression de ma part, la prestation de Jesse en live. Pour cette chanson je vous conseille une version acoustique (que je mettrais sûrement en lien), mais c'est l'occasion de rebondir sur le live de Brand New en général. De nos jours il est rare qu'un artiste chante avec ses tripes, et avec Jesse Lacey on a le plus bel exemple de ce que cela peut donner. On peut trouver que c'est parfois trop, mais c'est toujours tellement sincère que ça en devient bouleversant. Là encore je ne peux que vous inviter à en regarder sur le net, ou encore mieux, à tenter l'expérience en vrai.
La cinquième piste, Limousine, est celle qu'y illustre le mieux le côté progressif dont je parlais au début. Le morceau dure 7 minutes, et à partir de la troisième on a plus qu'une montée, encore et encore, avec l'apparition des instruments, de plus en plus, et le tout explose 3 minutes plus tard pour un moment que je vous invite encore une fois en live, car il peut partir dans un long Encore Post-Rock puissant comme il faut (lorsqu'ils tournent avec Manchester Ochestra on a souvent des moments parfaits comme ça).
Vient ensuite une claque, You Won't Know. Je m'explique, ce morceau est d'une puissance absolue, chaque guitare est incisive, la batterie et la basse énergique et lourde comme il faut pour supporter tout ça. Et encore une fois le live, le live mon Dieu, tant de rage, de violence, et de tristesse. C'est là qu'on voit aussi qu'en live c'est pas juste de copier/coller des versions studios, il y a un riff de guitare de Jesse qu'il joue en live que je regrette chaque fois que j'écoute là version studio tant il est jouissif.
Ensuite on a Welcome To Bangkok, un bijou instrumentale progressif post-rock qu'y te prend tellement loin au fond de toi que t'as l'impression qu'il ne te lâche jamais. Encore une fois, le joyeux bordel en live lorsqu'ils tournent avec leurs potes est un truc à voir, et surtout à vivre pour apprécier encore plus ce morceau.
Une fois cette tension redescendue, elle repart directement avec Not the Sun, un morceau emporté par sa basse et sa batterie d'une rapidité fort bienvenue compte tenu des longueurs rythmiques prises précédemment. La voix de Jesse lui donne aussi une certaine puissance. Un bon morceau en somme, encore.
Juste après ce morceau survolté, Lucas, qui dès le départ calme le jeu, et nous emporte dans une première partie électro-acoustique aérienne, planante, t avec encore une fois une prise de temps au niveau de la batterie absolument jouissive, après le premier refrain notamment. Ensuite le morceau se calme de plus en plus, devient plaintif, et presque effacé. On s'attend un peu à ce qu'il reprenne, mais il prend son temps encore une fois, et d'un coup l'explosion. Une fin encore une fois surpuissante, instrumentale, et composée de deux phases chacune créée sur la base de riff de guitare comme on en entend trop peu souvent.
Suit à cela un petit interlude calme, Untitled. Morceau constitué uniquement de samples de voix hypnotisant et d'une guitare rythmique d'un calme parfait pour cette chanson.
The Archers Bows Have Broken, la chanson suivante, est celle que j'apprécie le moins de l'album certainement. Pour une raison que je ne saurais expliquer je n'accroche pas tout simplement. Pourtant le morceau n'est pas mauvais, il a même à la reprise du couplet après le premier refrain un riff de guitar que je trouve des plus intéressants, mais il ne me touche pas. Peut-être que c'est celui qui se dénote le plus de l'album, ce qui peut peut-être être une bouffée dd'air frais pour certains.
L'album se finit ensuite sur Handcuffs, une ballade tout ce qu'il y a de plus simple, avec un Jesse mélancolique comme on l'a entendu pas mal de fois, des parties de guitares simples. Les autres instruments utilisés à côté (quelques violons, et j'hésite entre une sorte de xylophone ou un son comme il y a sur certains claviers qui s'appelle "crystall") donnent de la profondeur à la chanson. Elle est bonne, prenante, mais loin d'être transcendante, une chanson comme ça beaucoup en font.
Il y a une chose que participe beaucoup à l'ambiance de l'album dont je n'ai pas encore fait mention, les paroles. Toutes proportions gardées (je ne suis après tout qu'un simple français qui parle raisonnablement bien anglais, mais faut pas poussé), elles sont assez riches, assez bien écrites, mais elles sont surtout très prenantes. Cela va forcément avec l'interprétation de Mr Lacey, mais on doit lui reconnaître qu'il a le mérite d'être sincère, et de ne pas écrire des choses trop simplistes.

En bref, cet album est un chef d'oeuvre, un concentré d'émotion. Ici on nous montre l'art de créer à partir de la tristesse, et ça c'est pas rien. Mais plus que ça encore, c'est pas uniquement de la déprime ou la rage que nous livre cet album, c'est d'une certaine façon (et là c'est vraiment que du ressenti personnel) la façon de passer au dessus de ça. Je trouve au final beaucoup d'espoir dans cette oeuvre, et c'est assez paradoxal pour la profondeur de la tristesse qu'on y a mise dedans. Et ça, c'est vraiment la marque d'un travail profond et réussi.

0 Commentaire

1 J'aime

Partager
    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire