Si on peut se permettre de dire que «
Lynyrd Skynyrd 1991«, l’album précédent était un timide retour à la vie studio pour le groupe de Jacksonville et une manière d’exorciser quelques démons, ce «
The Last Rebel" remet quelques pendules à l’heure sans toutefois pouvoir postuler au panthéon des albums de Southern Rock d’exception. On remarquera d’ailleurs à l’écoute de cet opus quelques clins d’oeil à la formation près 1977 et un retour à l’utilisation des ingédients majeurs qui ont fait la force des morceaux de
Lynyrd Skynyrd en studio.
Pour cet album,
Lynyrd Skynyrd va faire appel à quelques intervenants extérieurs au groupe afin de l’aider dans la composition (manque d’inspiration, besoin de composer rapidement un nouvel album, pression du label, on ne le saura jamais), ce qui va donner un album très diversifié, mais avec des titres de qualité très disparate at ainsi nuire à l’homogénéité de celui ci. On retrouve ainsi Robert White Johnson sur pas moins de 5 titres ("
Good Lovin's Hard to Find", "
Can't Take That Away", "
The Last Rebel", "Outta Hell In My Dodge" et "South Of Heaven"). Ce songwriter à participé à l’écriture de plus de 200 morceaux pour divers artites au cours de sa carrière dont quelques uns pour les divers projets auquels ont pris part la fratrie
Van Zant. Michael Gerald Lunn étant crédité pour sa part sur trois titres. On remarque aussi que presque tous les musiciens ont participé à l’écriture hormis Powell et Wilkeson. Kurt Custer, qui a pris la place de batteur après le départ d’Artimus Pyle (seul changement de line up par rapport à l’album précédent), est ainsi crédité sur le morceau «One Thing». Donnie
Van Zant (
38 Special) venant filer un coup de main sur «Born to Run».
L’album sera produit par Barry Beckett. Beckett fut l’un des musiciens (claviers) de la très renommée «Muscle Shoals Rhythm Section» (aussi appelée The Swampers) auquel
Lynyrd Skynyrd avait rendu un hommage dans le titre «
Sweet Home Alabama» («
Now Muscle Shoals has got the swampers, And they've been known to pick a song or two...»). Il fut aussi à l’origine des fameux Muscle Shoals Sound Studio ou furent enregistrés entre autre «
Street Survivors» et «First and Last»).
Artimus Pyle (de son vrai nom Thomas Delmer Pyle), a été reconnu coupable d’attentat à la pudeur contre deux jeunes filles âgées de quatre et huit ans en 1993. Pour éviter une peine de prison à perpétuité et après avoir négocié un plaidoyer empèchant les jeunes victimes de témoigner, Pyle réussi à s'en tirer avec une peine de huit ans de probation et une ordonnance le faisant figurer dans le registre des délinquants sexuels...
L’artwork représente une photo vieillie d’un soldat ayant participé à la guerre de Sécession, seul avec son cheval.
Lynyrd Skynyrd n’a jamais été réputé pour avoir des pochettes de qualité mais cette fois ci, elle colle admirablement au titre de l’album et surtout au morceau éponyme.
L’album commence comme au bon vieux temps avec un One Two
Three Four légèrement modifié et surtout pratiquement inaudible, suivi d’un départ en trombe avec le titre «
Good Lovin's Hard to Find». La section de cuivre ne fait pas semblant d’être là juste pour le fun mais apporte un groove supplémentaire à ce titre aux relents Boogie qui n’en manquait déjà pas. Les choeurs sont omniprésents et pas seulement sur le refrain. Retour aussi de la slide même si relativement discrète ici. Powell et ses claviers retrouvent eux aussi une seconde jeunesse sur ce titre d’ouverture avec quelques passages brefs mais intenses. Un titre dans la plus pure tradition des meilleures réalisations du groupe, ce qui laisse augurer du meilleur. Au point de vue du son global de l’album, on reste proche de ce que
ZZ Top avait sorti au début des années 80.
Le chant sur cet album est quelques fois mis en valeur par des rythmiques saccadées voire simplement avec un fond de batterie (les couplets de «
Good Lovin's Hard to Find», ou «One Thing").
Johnny Van Zant s’affirme comme un excellent vocaliste et prend enfin de la distance par rapport à son défunt frère. Là ou on le sentait précédemment relativement timide, il fait preuve d’une assurance à toute épreuve.
Les choeurs continuent de donner un coté Soul à certains titres («
Can't Take That Away», «Outta Hell In My Dodge» ou «South Of Heaven» et une section de cuivre fait un boulot remarquable sur certains titres («
Good Lovin's Hard to Find» et «Best Things in Life").
Les parties acoustiques ne sont pas oubliées comme à l’accoutumée sur «
Can't Take That Away" et son approche très Country ou «
Love Don't Always Come Easy".
Un album de
Lynyrd Skynyrd sans ballades serait une hérésie et donc ce «
The Last Rebel" ne fait pas exception à la régle, avec un «
Can't Take That Away" quand même relativement imbuvable (peut être du au fait que composé en grande partie par les songwriters extérieurs au groupe), au solo de guitare insipide et surtout indigne d’une formation à trois guitaristes. «
The Last Rebel» et «
Love Don't Always Come Easy" consituant les reste des titres à ambiance plutôt calme.
L’un des morceaux de bravoure de l’album est celui qui lui a d’ailleurs donné son nom, «
The Last Rebel», bizarrement placé au milieu de la tracklist. Avec une intro en forme de marche militaire avec juste une note aux claviers et de la caisse claire, on sent que le groupe a essayé de composer dans le but de rivaliser avec les «Freebird», «Simple
Man» et consorts. Sauf que ça manque de soli et de duels de guitare... Le point fort reste la voix qui se fait tour à tour plaintive ou véhémente, voire à la limite de hurler le texte. Les guitares sont quand même timidement de sortie avec les passages mélodiques de circonstance. L’outro du titre est similaire à l’intro, guitare slide en sourdine en plus. On a quand même l’impression de se retrouver avec un titre inachevé, auquel il manque une âme pour véritablement en faire un hymne.
On rattachera «South Of Heaven" au wagon des quelques très bonnes surprises de cet opus avec enfin des soli dignes de ce nom et une structure globale qui n’est pas sans rappeler les heures de gloire de
Lynyrd Skynyrd. Powell se retrouvant enfin mis un peu en valeur. Tout comme «
Love Don't Always Come Easy», dans un registre différent mais avec là aussi le retour de la guitare et des claviers.
Alors qu’on arrive enfin au dernier morceau et qu’on n’attend véritablement plus rien de cet album, «Born to Run» débarque de nulle part pour nous rappeler que
Lynyrd Skynyrd fut l’un des plus grand du genre dans les années 70 et nous botter le cul magistralement. Tout est enfin là comme au bon vieux temps. Les duels de guitares retrouvent de l’allant, le clavier est enfin mis en avant comme jamais sur l’album et la fin épique rappelle enfin les heures de gloire du groupe. Le piano de Powell est une merveille et fait monter le titre en puissance jusqu’à cette fin enfin digne du talent du groupe. «Born to Run» fait partie des morceaux qui n’ont pas de compositeurs extérieurs au groupe hormis Donnie, le frère de Johnny. Ceci expliquant peut être cela...
Il est aussi surprenant de noter que les meilleurs titres sont les plus longs de l’album et dépassent tous les 5 minutes.
Même si cet opus marque un certain retour aux sources, on peut quand même trouver de nombreux points négatifs comme l’absence quasi inexpliquée de soli endiablés et de duels de six cordes comme le groupe en produisait au kilomètre par le passé. La basse de Wilkeson est quasiment inexistante et on est loin de l’aisance rythmique que le groupe nous avait habitué à retrouver sur ses titres. Le départ de Pyle n’y étant peut être pas étrangère. On a aussi beaucoup reproché à cet opus dès sa sortie un coté popisant ou trop Country pour être véritablement une oeuvre de Southern Rock.
«
The Last Rebel» n’est pas un mauvais album mais n’a pas l’aura de la plupart de ses illustres prédécesseurs. Et c’est à se demander si le groupe n’aurait pas simplement du continuer à ne faire que des concerts, reprenant les hymnes des premiers albums et donc rester un tribute band...
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