The Script est LE groupe des années 2000 qui ne DOIT pas échouer. Dit comme ça, ça peut paraître assez étonnant ; il est, de plus, logique qu'un groupe de musique ne doive absolument pas échouer dans sa tâche qu'est celle de faire des chansons qui puissent plaire. Oui mais voilà, ledit
The Script a un statut particulier, qui fait qu'un mauvais album chez eux serait encore plus impardonnable que chez n'importe qui d'autre.
En effet, ce trio de Dublin n'est pas un groupe jeune, et il faut tenir compte du fait qu'ils ont de l'expérience. Une VRAIE expérience. Même si leur album éponyme, premier opus de leur discographie, sort près d'un an après leur signature chez MCA, Danny O'Donoghue et Mark Sheenan ont déjà, à leur actif, une dizaine d'années de travail dans le monde de la musique, en tant que producteurs ; leur potentiel a cette tâche les a même envoyés jusqu'aux États-Unis où ils ont côtoyés les plus grands mentors de stars musicales tels que les Neptunes (producteurs de Madonna et Snoop Dogg) ou encore Dallas Austin (
Pink), entre autres. De ce travail aux côtés de la quintessence est née l'influence présente dans les chansons du groupe ; ajoutez à cela le fait que Glen Power, le troisième membre, est réputé pour être un batteur de génie, et vous avez un trio qui a mis toutes les chances de son côté. Et quand on connait la carrière de certains dont
The Script a hérité, on ne peut qu’espérer que le cocktail, arrivé à maturité, va faire mouche.
C'est donc avec une certaine exigence de leur maison de disques que le premier album de
The Script est lancé en 2008, et emmené sur toutes les radios européennes par le single "The
Man Who
Can't Be Moved". J'ai réussi à me procurer le précieux CD et, avant même de lancer mon oreille dans ce bain musical, je m'intéresse à la pochette. Pas de quoi casser des briques, c'est une couverture très classique, avec le côté "Cartons pour le décor et persos découpés" pour donner un style. Mais déjà, quand on sait que le groupe a connu des producteurs d'artistes provocateurs ou totalement uniques en leur genre, on se demande si nos dublinois n'ont pas cherché à éviter tous les risques, et ce jusque dans l'artwork. Je lance donc, avec quelques doutes, le CD.
A partir de là, l'avis est en demi-teinte. Certaines pistes sont trop communes et manquent de vrai relief ; "We Cry" par exemple, est empreinte d'un ton grisâtre peu agréable, appuyé par des "Wouh ooouh" doux en chœur qui accentuent la platitude de la chanson. Pire encore, "Rusty Halo", qui ressemble à un pot-pourri de ce qu'il y a de moins goûteux chez les derniers albums de U2 ; et que dire de "Fall for Anything" mélange de
Coldplay et de mélodie poussive, mais assez bien maniée pour faire penser que la pilule va passer sans faire mal à la gorge. Et alors, quand on touche à des pistes comme "If You See Kay", on a le droit au beat de rap (et l'intro qui va avec !) mais à la mélodie de ballade blues qui passe plus ou moins bien. Moui, pas très alléchant tout cela. Mais l'avantage, c'est qu'on ne tombe pas dans le négatif. Ça reste des pistes neutres, il n'y a rien de bon ou mauvais à en tirer. Ça se laisse écouter, en gros. Mais ce genre de chansons, on ne se le passe pas en boucle, ça soûle bien vite. Dans tous les cas, on ne peut pas dire que
The Script ne fait pas honneur à ses influences sur ce genre de chansons. Ils ont essayé de nous ressortir leur passé de producteurs, c'est déjà ça. Mais on pouvait attendre un truc plus corsé, plus piquant, je dirais même, plus risqué.
Arrive la partie rassurante. Il n'y a pas que du gris dans cet album, fort heureusement. Il y a des chansons menées calmement, habilement, avec une émotion, un sentiment, une atmosphère bien marquée. Et, pour une fois, on ne ressent pas l'impression d'avoir déjà entendu ça quelque part, non, cette fois-ci, c'est bien la marque
The Script qui s'exprime à travers des titres comme "Talk You Down" et "Breakeven". On peut même citer le single avec un grand S : "The
Man Who
Can't Be Moved", mélange d'optimisme et de...quelque chose de spécial, mais qui vaut le coup d'être entendu. Ils iront pousser l'émotion encore plus loin par la suite, à travers une vraie ballade à la guitare acoustique intitulée "I'm Yours". Et attention, là, pas de chanson mielleuse pour midinettes de 14 ans à la Far Away de
Nickelback, que même
Bryan Adams aurait trouvé niaise. Non là, c'est du triste, c'est du cru. Quand on sort de ce genre de ballade, on en sort GRANDI. Et c'est avec ces passages-là de l'album qu'on peut retrouver le sourire. Car oui, il n'y a pas encore de vraie prise de risques, mais déjà, on sait que le groupe a une personnalité et qu'il ne dépend pas d'influences mollement ressorties.
Et puis, par moment, vous tomberez sur ce qu'on appelle les pépites. On tombe sur l'émotion musicale façon
The Script, pur jus. Là, l’expérience de groupe est exprimée dans un autre registre, le niveau monte, on essaye des choses. "The End Where I Begin", utilisée dans le jeu vidéo FIFA 09, a dû convertir de nombreux footeux à la pop-rock si spéciale des irlandais, notamment grâce à son climax énergique et émotif d'une vingtaine de secondes qui donnerait des frissons à n'importe qui. "Before the Worst", et ses couplets chantés d'un manière proche de celle d'un rappeur, sa mélodie au piano plutôt bien travaillée, et l'émotion qu'elle laisse transparaître, cette émotion si spéciale et si chère au groupe, qu'on ne peut même pas décrire avec nos mots tant elle se compose de différentes impressions. Voilà ce que l'album offre de mieux : une émotion originale, qui naît de différentes expériences musicales bien utilisées.
Alors, peut-on vraiment dire que
The Script a échoué ou réussi dans sa mission de groupe musical ? Oui et non, en fait. Sur un même CD se côtoient du manque de relief, des titres bien menés et des émotions singulières. On n'est pas encore au niveau d'un U2 à qui ils ont été maintes fois comparés, mais ils ont un minimum de talent qui le rend compatibles à la scène musicale. Quoiqu'il en soit, si leur second album
Science & Faith n'avait pas été aussi bien fait que cet album éponyme,
The Script serait tombé dans l'oubli plus vite que n'importe quel autre groupe. La seule chose que les fans attendent de nos trois irlandais, c'est enfin une vraie consécration, une explosion. Parce que, pour l'instant, notre cocktail explosif fonctionne mais manque de catalyseur...
Merci pour la chro.
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