Ceci n’est pas une chronique astronomique, même si l’opus a tout de l’astre lumineux qui anime le ciel et la terre. La section rythmique lourde, les gros sons de guitare et les larsens en avant avec la voix mélodieuse, quelques accords simples en fond sonore, quelques variations bien senties, c’est parti pour un tour : quand on entend une chanson comme « Clear Eye Clouded Mind », on se dit que, à la limite, le rock aurait toujours dû être ainsi. «
The Stars Are Indifferent to Astronomy », y entend-on, et les étoiles ont bien raison. L’univers, les étoiles, la musique, les individus, la vie, chaque être et chaque chose ont toujours une longueur d’avance sur l’analyse. Le plus important est de profiter du souffle, le bilan suivra toujours. Même remarque avec « Waiting for Something », où l’on croit même entendre, parfois, des accents de heavy metal. Comment l’album va-t-il gérer les moments plus calmes ? Très bien, si l’on se fie à « When I Was Young », où le passage de l’acoustique à l’électrique se fait presque à notre insu. Tout s’enchaîne dans la foulée, résultat d’un travail mené à son terme, d’un aplomb, d’une assurance, d’une maîtrise et d’une aisance cachant avec décontraction toute la tension et tous les efforts sous-jacents. «
Jules and Jim » et « The Moon Is Calling » captent la force des deux premiers titres et le gros plan sur la mélodie du troisième, l’album a donc posé les bases de sa réussite, c’est net et carré. Les
Nada Surf vont-ils tenir jusqu’au bout ? On dirait bien que la deuxième partie respecte les termes du contrat tacite, les attentes que l’on est forcé d’avoir à ce stade. Dès les premiers accords fougueux du saccadé « Teenage Dreams », on perçoit que la fraîcheur n’a d’égale, décidément, que l’aptitude à durer. Avec « Looking Through », ça déménage de plus belle, à tous les niveaux. Le paroxysme a été atteint, « Let the Fight Do the Fighting » revient à la douceur de « When I Was Young », sur un rythme toujours constant et soutenu, démonstration d’une belle linéarité. De nouveau dans le rock à 100%, rapide et chargé, « No Snow on the
Mountain » et « The Future » maintiennent jusqu’à la dernière note l’optimisme et la vitalité d’un album qui incarne, au fond, ce que bien des groupes auraient aimé faire sans en avoir l’audace : adopter un parti pris simple, précis, et s’y tenir dans un défoulement festif et viral en y mettant tout leur cœur et toute leur énergie, une interprétation et une production impeccables en renfort. Comme un remède contre la morosité du monde, l’écoute, d’un trait vigoureux, se passe à la vitesse d’une étoile filante. On en revient de bonne humeur, avec le sourire, prêt à déplacer des montagnes.
D. H. T.
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