Toujours on entend que ce sont les meilleurs qui partent en premier. Cela doit aussi être vrai dans le monde merveilleux et impitoyable de la Musique. Il suffit parfois du départ d'un seul des membres d'un groupe pour remettre en question toute l'organisation. Certes, pour les Nîmois de
10 Rue D'La Madeleine, c'est le départ de trois membres qui a conduit à cette séparation. Trois membres sur six. Et pas n'importe quelle moitié du groupe, d'ailleurs. Le guitariste Bill Nuggets, le violoniste Peter Goldberg et le clarinettiste Eddy Flint ont quittés le navires. Ainsi, après quelques mois à écumer les planches à eux trois, le chanteur (et dorénavant guitariste) Brad Bronstein, le bassiste Mike Flanagan et le batteur Andy Burke ont donc décidé d'arrêter l'aventure de
10 Rue D'La Madeleine pour partir sur de nouvelles bases sous un autre nom (encore tenu secret pour le moment). Un nouveau départ en trio.
10 Rue D'La Madeleine était donc un groupe Nîmois né en 2002 sous l’impulsion de six furieux bondissants, aux surnoms américanisés (car les noms ci-dessus ne sont que des pseudonymes) comme ils aimaient se définir. «
Sur les Murs » (2006) démontre de nombreuses inspirations folk, mélangeant facilement rythmes rock et pêchus ainsi que la folie du duo clarinette/violon. L'hymne du groupe, « Vive la Commune » est d'ailleurs venu de ce disque là. De l'humour, de la dérision, mais aussi des sujets d'actualités autour d'un ensemble véritablement énergique et rempli de bonne humeur ont valu au groupe un accueil chaleureux. Le départ du clarinettiste a chamboulé l'ensemble, mais n'a pas empêché la sortie de «
Comme Sonny Cogne » en 2009. Le côté folk du groupe a ici pratiquement disparu afin d'apporter une touche bien plus lourde et puissante aux compositions, dérivant parfois vers de courtes sonorités Metal tout en conservant l'esprit Rock du groupe, et en y ajoutant une bonne dose de Fusion. Un disque différent, plus sombre aussi, agrémenté de ballades poignantes et de titres tous plus massifs les uns que les autres. 2010 voit donc fleurir «
The Tyger », alors que le groupe n'est plus qu'un trio. Dernière offrande, dernier adieu avant un nouvel univers.
La fin de
10 Rue D'La Madeleine est agrémenté d'un nouveau changement de style. La Fusion reste relativement présente, mais nous avons affaire ici à de plus imposantes touches entre Stoner (perceptible aux travers du chant de Brad, très ressemblant aux intonations du chanteur de Bukowski, notamment sur « Dull »), Country (« A Hundred Times ») et quelques relents Grunge (« Crimson Joy »). Le chant est par ailleurs intégralement en anglais sur cet opus, alors que les deux albums précédents étaient uniquement interprétés dans la langue de Molière. « Dull » rappelle à certains moments les origines du groupe sur «
Sur les Murs », les guitares accordées très grave, le groove presque dansant et sa basse grondante entre les différents accords. Globalement, ni la musique, ni les diverses intonations de la voix de Brad ne révolutionneront le petit monde musical, tout reste vraiment très commun, notamment sur « Crimson Joy » ou l'ensemble sera déjà entendu des dizaines de fois (sans ce beau, mais poussif, solo, on aurait même pu caser ce titre dans la simple pop). Même la voix de Brad semble parfois sur la corde.
Toutefois, ce court EP garde en réserve un potentiel futur pour le trio. La très entraînante et émouvante « What We Seek » par exemple. Une voix très agréable, des moments de calme terriblement mélodieux et des refrains massifs à souhait (mais un peu trop saturés à mon goût). La trame mélodique du titre est suffisante pour garder l'oreille attentive. La batterie fait d'ailleurs un beau travail de fond (de fond, oui, trop discrète sur l'ensemble du disque, on sent cependant qu'Andy a envie de tester des choses). «
The Tyger » titre éponyme est une perle d'émotion, calme et planante à souhait, essentiellement grâce aux ronflements de la basse et la voix chaleureuse. Enfin, la ballade country « A Hundred Times » reste bien trop anecdotique, n'apportant rien de véritablement nécessaire à l'ensemble. Le titre est même soporifique, la guitare acoustique étant réduite à sa plus simple expression alors qu'elle est pourtant la seule à faire vivre ce morceau (nul autre instrument et une voix, certes agréable, mais poussive).
C'est curieusement sur les ballades que le groupe révèle un visage plus agréable. C'est d'autant plus surprenant venant de
10 Rue D'La Madeleine, qui nous avait habitués à des titres bien plus puissants par le passé. C'est donc les points à retenir sur cet EP : des ballades entraînantes, davantage de solos (pas forcément bien exécutés, certes) ainsi qu'une plus-value concernant l'utilisation de la guitare sèche/acoustique. Les chansons plus fortes, sans être ridicules, sont finalement trop entendues et rapidement fatigantes. Il ne reste plus qu'à savoir ce que le nouveau
10 Rue D'La Madeleine nous proposera.
En attendant, bon vent à vous, messieurs, et « Vive la Commune ».
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