Quand on démarre sur un gros riff épais comme la cuisse d'un obèse texan ayant décidé que ce coup-ci il ne lâcherait pas l'affaire pour finir ce foutu hamburger de 3 kilos qui lui fait de l'oeil depuis un mois au resto du coin, le chroniqueur est en droit de se dire : « Nous sommes probablement en présence d'un disque de Stoner, Scully... »
Et il n'aurait probablement pas tort, sauf que ce disque là ne ressemble en rien au pompage de
Kyuss que l'on est en droit d'attendre d'un groupe du style ayant correctement bossé son truc (INDICE : si ça ressemble à du Down ou du Corrosion Of Conformity, le groupe n'a PAS bien bossé son truc).
The Universe By Ear sont suisses, pays somme toute fort sympathique mais dans lequel on ne peut pas vraiment dire que les cactus et les déserts soient des spécificités locales. Ça tombe bien, parce que le grand point fort de cet album est de jouer avec les neurones de l'auditeur pour mieux le surprendre.
Le sens de la mélodie et le chant clair supporté par des chœurs rappelle
The Flaming Lips (voire même la période psychédélique des Beatles sur « Dead Again »), tandis que les passages Jazz en plein milieu des chansons renvoient à
The Mars Volta. Mais derrière, le groupe surprend en balançant des boucles de riffs à la
Ozric Tentacles (l'ouverture terrible de « High On The Hynek Scale »), des descentes instrumentales à la
Hawkwind («
Idaho »), de flamboyants démarrages qui ne dépareraient pas chez certains projets de Psytrance («
Ocean/Clouds/Prism » et son ouverture rappelant Infected Mushroom, mais rejoué à la guitare) ou des déviations qui renvoient à The
Weather Report (« Seven Pounds ») et The
Mahavishnu Orchestra.
Avec un tel panache d'influences, on pourrait croire l'album trop gonflé, trop bouffi et juste indigeste. Il n'en est rien, le trio maitrisant totalement son style et faisant preuve d'une indécente propension à balancer du refrain qui reste dans la tête (« High On The Hynek Scale », un pur délice). On a là l'exemple type d'un premier album mâture, foutrement addictif et dont chaque note est utilisée à bon escient et trouve sa place dans le grand ordre musical des chose. Une belle mécanique de précision, digne des meilleures horloges suisses.
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