« It’s Not You » se rappelle à nous comme un aperçu facilement accessible de ce que les Cure faisaient quand ils étaient encore punk, avec une énergie brute qui emporte l’adhésion, toutes les qualités du premier jet réussi, assez proche des
Sex Pistols et de
Public Image Limited en raison d’affinités vocales avec Johnny Rotten, tandis que « Grinding Halt » avoisine davantage les Clash et les premiers Police via le reggae, et « So What » les Stranglers via la parole. Il est intéressant, en même temps, de voir comment le groupe s’émancipe rapidement de la scène anglaise de l’époque pour imposer sa propre signature, avec le mythique « 10 :15 Saturday Night », samplé presque vingt ans plus tard par
Massive Attack – un morceau qui prouve déjà, en toute simplicité, l’aptitude à jouer avec les intensités sonores pour exploiter le potentiel dramatique de la musique. Les «
Accuracy », « Object », « Fire In Cairo » et autres «
Three Imaginary Boys » ne pouvaient émerger qu’au sein de ce projet de transition, quelque part entre l’engouement collectif et l’affirmation personnelle. Même les titres brefs retiennent l’attention, car ils savent suggérer une ambiance : scène de crime avec «
Subway Song », hommage au vieux rock and roll avec « The Weedy Burton ». « Another Day » lui aussi trouve sa place parmi les autres, malgré une lenteur et une dissonance qui annoncent les chefs d’œuvre à venir, leur fameuse trilogie («
Seventeen Seconds », «
Faith » et «
Pornography »). Tout semble avoir été lâché dans la foulée, sans trop réfléchir, et cette spontanéité a payé. Plusieurs directions apparaissent dans un ensemble à la fois homogène et percutant. Il est difficile d’évaluer les albums de Cure en procédant par comparaison, car ce groupe a pris d’énormes risques dans sa carrière en cherchant régulièrement à se remettre en question. D’un côté, ils auraient été bien incapables, à ce stade naissant, de produire un «
Just Like Heaven » – du reste, qui l’aurait été à l’aube des années 80 ? Mais d’un autre côté, ils n’avaient pas encore eu le temps de s’embourgeoiser ni de se fourvoyer dans l’emphase inutile. Au final, «
Three Imaginary Boys » est un très bon album.
D. H. T.
Pour la reprise d'Hendrix, ils se sont repris beaucoup plus tard avec Purble Haze ! ^^
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