Enregistré au printemps 1970, le second album de
Genesis est le premier à sortir sur célèbre label « Charisma Records». Après un premier album, hésitant entre recherche artistique et musique pop, album pressé sous la direction de Jonathan King,
Genesis s’oriente vers de plus longues compositions qui ne plaisent pas à leur producteur. Celui-ci jette alors l’éponge, il est imité en cela par leur batteur Jonathan Silver qui préfère poursuivre ses études. Un nouveau batteur en la personne de John Mayhew est recruté. Celui-ci ayant déjà une certaine réputation dans le milieu des petits groupes de la région, il devrait donc faire un peu office de mentor du groupe, mais, s’il fait son boulot correctement, John Mayhew ne montre pas d’entrain vis-à-vis des orientations musicales du groupe.Il est là, il joue et c’est à peu près tout. Le rôle de meneur échouant de facto au charismatique
Peter Gabriel.
C’est donc sur de nouvelles bases que
Genesis se remet au travail.
Grace aux parents d’un ami, les 5 membres du groupe se retrouvent à Christmas Cottage près de Dorking (Surrey) durant l’hiver rigoureux de 1969-1970. La maison n’est guère chauffée, mais une ambiance particulière rapproche les musiciens qui, en soirée, se produisent devant des publics devenant de plus en plus accrocs à cette musique un peu spéciale. C’est dans une vieille camionnette rachetée à un boulanger, que le groupe sillonne la région environnant Londres. En février 1970, ils font la première partie de
Rare Bird (Sympathy – 1969) au Marquee de Londres.
Durant ces concerts,
Genesis joue déjà et peaufine tout doucement des titres qui arriveront à maturité sur «
Trespass », «
The Knife,
Looking for Someone et Stagnation » font partie de ces titres.
C’est durant cette période que
Genesis John Anthony devient leur producteur. Ce sera finalement aux studios « Trident » de Londres que Charisma demande au groupe d’enregistrer son opus.
Les nouveaux morceaux sont relativement longs, gorgés d’harmonie et de changements de rythmes alternés. Ils sont parfois des titres tiroirs, dans lesquels, plusieurs séquences sont enchaînées à la suite les unes des autres (Looking for Somenone,
The Knife).
L’album débute par «
Looking for Someone », truffé de coulées de Mellotron et d’orgue, c’est une longue plage, qui rappelle encore par moment, les débuts hésitants et alambiqués de l’album précédent.
Suit « White
Mountain », un conte musical médiéval évoquant roi, couronne et trahison. Il est récité par
Peter Gabriel sur le ton du raconteur d’histoires moralisatrices.
« Visions of Angels » est un titre enjoué, épique et mystique. Mais, ici encore, on sent que le fruit n’est pas encore tout à fait mûr et que l’expérience du premier album n’a pas totalement effacé les petites erreurs de jeunesse.
Sur « Stagnation », Anthony Philips et
Mike Rutherford jouent en duo à la guitare 12 cordes, ce qui enrobe le morceau d’une atmosphère éthérée.
« Dusk » est une gentille ballade que je trouve personnellement sans grands attraits, ce titre me paraît le maillon faible de l’album.
Vient pour terminer, la pièce maîtresse de l’album : «
The Knife », qui propose un long périple musical bien rodé, sur lequel
Genesis fait preuve de maîtrise, tant dans l’interprétation théâtrale de
Peter Gabriel que dans le soutien orchestral du groupe. C’est un morceau qui évoque un peu une chevauchée mystique se reflétant dans les séquences des divers claviers de Tony Banks appuyées par les roulements de John Mayhew. La basse, tantôt lourde, tantôt aérienne de
Mike Rutherford et les arpèges de la 12 cordes de Anthony Philips venant soutenir le tout avec conviction. L’aspect aérien du morceau est souligné par la flûte de
Peter Gabriel. C’est un morceau d’anthologie qui suscite l’enthousiasme en concert.
Pour terminer cette chronique, un petit mot sur la sublime pochette de l’artiste Paul Whitehead qui signera également les 2 pochettes suivantes du groupe.
Sur
Trespass, l’artiste a représenté 2 personnages médiévaux regardant à travers l’ouverture d’une fenêtre probablement située au sommet d’une tour. Un trait de couteau (
The Knife) lacère cette image bucolique. En dépliant la double pochette, le couteau est dessiné à l’arrière de celle-ci. L’explication vient du fait que, ce fabuleux morceau «
The Knife » n’a été ajouté qu’en fin de session de l’album et que l’artiste n’avait donc pas tenu compte de celui-ci lors de la conception de la pochette. L’artiste ne voulant pas recommencer son œuvre, le groupe lui aurait suggéré l’image du couteau planté à l’arrière.
En conclusion, un très bel album du groupe, précurseur des 2 chefs d’œuvres qui vont suivre, et qui est maintenant considéré comme un album pilier du mouvement progressif.
Trespass signant l’arrivée de
Genesis chez les Grands du Rock Progressif.
A redécouvrir absolument.
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