Le triceratops est l'un de ces mythiques dinosaures dont l'aspect imposant et ses trois cornes nous parviennent directement à l'esprit quand il s'agit de mettre en image le mystérieux titre dont le premier album des Dijonnais de Don Aman est affublé. Or lorsque l'on jette un œil sur la pochette, ce n'est point un dinosaure qui apparaît en premier mais un petit oiseau dont le plumage rouge et le regard noir nous frappe directement. Serait-ce une manière de souligner la musicalité du groupe, entre lourde mélodie et chant aérien et reposant ?
La musique de Don Aman peut être ainsi vu entre un mélange d'une poisseuse atmosphère Doom dont la poussière très Stoner parvient à réchauffer le tout sous la voix d'un chanteur à l'esthétique beaucoup plus légère, contrebalançant le tout. Ce «
Tricératops » est ainsi la première réelle production du groupe, quelque temps après un petit bootleg live déversant les premières idées de ce quatuor ne manquant pas de piquant.
Dès « Favorite », entre saturations et longues plages réverbérante, nous sommes happés dans l’étrange paysage désolés présents sur la pochette. Le rythme est lent, la basse résonne alors même que la guitare et la batterie semblent péniblement se relever de la chaleur environnante. Quelques mots résonnent au loin alors que le rythme se sature dangereusement. « Triceratops », autre titre instrumental de l'album, imposera d’emblé un rythme de basse explosif alors même que les guitares accordées très graves s'accorderont au rythme très métronomique de la batterie. Très répétitive sans devenir redondante grâce à sa faible longueur, le groupe exprime déjà des idées très intéressantes.
Le chant sait également se mettre en valeur et ce dès le second titre « Amore ». Accompagné d'une basse résonnante, le chanteur livre une prestation vocale non loin d'un
Red Hot. Pas toujours très juste, ce point noir est régulièrement masqué par l'ambiance. Essentiellement lancinante, les musiciens savent transcender leurs ensembles pour offrir quelques éclats plutôt bien vu, comme le prouve le très bon groove de « Call it a Hunch ». Très mélodique dans sa lourdeur, l'accent quelques peu franglais du chanteur s'oublie très vite au profit d’excellentes saturations et d'un refrain entêtant au possible. Les guitares se lâchent un peu plus et ce n'est pas pour déplaire. « Le Tigre » propose une douceur extrêmement bienvenu. Bien plus délicate et ambiancé, le chanteur livre une prestation solide, bien aidé par des musiciens prenant bien le temps de développer des ambiances propices s'accordant à la perfection avec les différentes variations vocales.
Un Doom n'en est pas un sans une réelle ambiance progressive. C'est en cela que « Solzimer » travaillera votre patience durant onze belles minutes. La premières partie se voudra très angoissante. Musicalement, les notes paraîtront très lointaines, incertaines, stressantes dans leur lenteur à la frontière du Drone dans leurs élans bruitistes et désordonnés. On s'attendrait presque à assister à un duel lorsque la guitare s'emballe et c'est à ce moment que les instruments choisissent de développer un rythme encore plus étouffant, la basse donnant le ton avec une lenteur propice alors que tout s'écroule tout autour. Pour mieux redémarrer avec un groove étonnant et une ambiance légèrement plus clair, moins noire. La voix se fait également plus mélodique, tout comme l'ambiance générale … d'une certaine manière.
Un premier EP ne manquant pas d'idées et de points positifs qu'ils ne restent qu'à confirmer à l'avenir. Si le tout sonne parfois comme du déjà entendu ailleurs, il serait assez injuste de ne retenir que cela d'une prestation solide qui mériterait peut être de laisser un peu plus de place à une créativité et une certaine dose de folie qui dynamiterait le tout.
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