Dire qu’on craignait le pire au sujet du nouvel album des belges de dEUS relève d’un doux euphémisme. Nous voilà rassurés.
Vantage Point, sorti le 21 avril marque un nouveau départ pour le groupe. Nouveau ? Pas si sûr...Peur. Oui. Il faut dire que
Pocket Revolution, le précédent disque, sorti à l’automne 2005 avait déçu. dEUS, dont le génie semblait s’être bâti sur l’affrontement perpétuels des égos qui le composaient, était devenu stable. Et du coup ennuyeux. L’extravagant bassiste Danny Mommens s’était enfui vers la hype douteuse de Vive la fête [1] et le guitariste chanteur Craig Ward (lui-même remplaçant de Rudy Trouvé) avait claqué la porte pendant l’enregistrement du disque. Tom Barman (chant, guitare) était donc seul à la tête de la machine.Alors que dEUS était à 2 doigts de se retrouver rangé dans la case « groupe de rock, sans plus », voilà qu’il balance sur myspace en attente de
Vantage Point le très étonnant
The Architect. Morceau dynamique, mais puant le dance-floor. Là dessus, Tom Barman se confie au journal
Les Inrockuptibles, et claironne que dEUS a toujours eu un coté “dance”, et que l’influence majeure de
Vantage Point, a été (celui qu’on avait l’habitude fût un temps de nommer)
Prince. Argh. Mais l’auditeur comme le journaliste se doit parfois de penser contre lui-même. Il faut de l’abnégation pour aller acheter le disque d’un groupe dont le précédent opus était une banane et qui proclame que celui-ci est influencé par
Prince. Allez, c’est peut-être de l’humour belge après tout... C’était le cas. Ouf.10 titres pour trois bons quarts d’heure de dEUS. Ni trop ni trop peu. La première impression contredit tout ce que la presse spécialisée ou le groupe lui-même ont pu dire, à savoir que le groupe qui l’a enregistré n’avait plus rien à voir avec celui qui avait produit le génialissime
The Ideal Crash en 1999.Oui, des évolutions, il y en a eu. Le son est plus rond, plus normé, plus gros aussi parfois. Mais beaucoup moins sale, beaucoup moins noise. En revanche la marque de fabrique dEUS est là : des mélodies hypersensibles assises sur la voix cassée de Tom Barman, des dynamiques complexes, des montés longues et sinueuses, des explosions sans prétentions.
Vantage Point est un disque de rock intelligent, fouillé, mais très accessible. Des morceaux tels que
Eternel Woman,
Smokers Reflect ou
The Vanishing of Maria Schneider peuvent nous rappeler l’époque de
In a Bar, Under the Sea (1996).
Favourite Game ou
Is A Robot nous renvoient aux meilleurs moments de
The Ideal Crash (
Sister Dew ;
Instant Street...).dEUS a permis de mettre en lumière toute une scène belge, qui aujourd’hui aurait presque tendance à éclipser le parrain : Ghinzu, Malibu Stacy,
Sharko, Girls In Hawaï... Le public français avait découvert dEUS en première partie de Noir Desir durant la tournée 666.667 Club en 1996-97. Enfin, sauf le public montpelliérain qui lui, avait découvert
16 Horsepower et ne s’en était point plaint (mais c’est une autre histoire...). Pour ceux qui souhaiterait une remise à jour rapide avant d’écouter
Vantage Point, la compilation
No More Loud Music, sortie en 2001 est bien faite. C’est assez rare pour être noté. En 11 morceaux, elle retrace assez bien, et de façon chronologique l’oeuvre de dEUS de son premier album
Worst Case Scenario (1994) jusqu’au chef d’oeuvre
The Ideal Crash.
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