Vicious Cycle démontre ainsi qu’il faut toujours compter avec
Lynyrd Skynyrd
Edge of Forever est sorti depuis 4 ans lorsque parait
Vicious Cycle, dixième opus de
Lynyrd Skynyrd et le premier sans Leon Wilkeson à la basse...
Né le 2 avril 1952, Leon Wilkeson, est le bassiste du groupe depuis 1972, alors que celui ci se nomme encore Leonard Skinnerd. Il est mort le 27 juillet 2001 durant son sommeil, à l’age de 49 ans. Durant un break pendant la tournée d'été du groupe, il a été retrouvé sans vie dans une chambre d'hôtel à Ponte Vedra en Floride à quelques dizaines de kms seulement de Jacksonville. Une autopsie préliminaire a montré que Wilkeson souffrait du foie et des poumons mais qu'il n'y avait pas de cause évidente du décés. Il ne fait aucun doute que le crash de 1977 a du laisser des traces dans son organisme et que c’est en partie à cause de celà qu’il a fini par lâcher...
Le morceau Mad Hatter est un hommage de
Lynyrd Skynyrd à son bassiste de toujours. Et on peut le retrouver sur les titres qu’il avait commencé à mettre en boite en vue de la sortie de cet album,
The Way et Lucky
Man.
On peut donc interpréter le titre de l’album,
Vicious Cycle, comme une malédiction sans fin qui voit les membres originels du groupe partir un par un...
Lynyrd Skynyrd va donc chercher un bassiste remplaçant et c’est Ean Evans qui va hériter du poste.
Evans est né le 16 Septembre 1960 à Atlanta. Après avoir joué dans diverses formations qui connurent un certain succès localement, il fonde son premier «vrai» groupe, Cupid's Arrow, à la demande de son manager de l’époque, J.J. French (
Twisted Sister). Là aussi, le groupe recueille de bons échos et c’est à partir de ce moment qu’Evans va devenir un musicien de studio à plein temps. Hughie Thomasson viendra le débaucher pour faire partie de The
Outlaws, et on peut penser qu’il en sera de même pour son recrutement dans
Lynyrd Skynyrd.
Autre changement de line-up mais moins douloureux celui ci, Michael Cortellone rejoint la formation en 1999. Il est connu pour sa participation au super groupe
Damn Yankees (avec
Ted Nugent et Tommy Shaw de
Styx) ou encore Accept.
Pour ce qui est des compositeurs extérieurs, dont le groupe semble avoir pris l’habitude maintenant d’utiliser les services, on trouve Blair Daly (compositeur Country et producteur)sur Thats How I like It, ou encore Tom Hambridge, batteur et compositeur sur pas moins de 5 titres (Pick 'Em Up, Sweet Mama, Mad Hatter, Rockin' Little Town, Jake).
Brad Warren, lui aussi compositeur de Country donnera un coup de main sur ce qui restera l’Hymne de cet album,
Red White and Blue. Et Jim Peterik (guitariste de
Survivor) semble quant à lui, devenir un habitué avec 4 morceaux (All Funked Up, Hell or Heaven, Crawl et Life's Lessons ), tout comme Robert White Johnson (Sweet Mama qui voit aussi la participation de Donnie VanZant).
La production de l’album revient une fois de plus à Ben Fowler, assisté du groupe et surtout de Rick Medlocke.
L’artwork représente un flightcase tatoué du nom de l’album et du groupe avec le chiffre 30 au dessus de la flèche qui indique comment le transporter. Ce 30 faisant surement référence au fait que cela fait exactement trente ans que le premier opus du groupe a vu le jour. Le dos du cd voit une photo de la formation dans un bar autour d’un billard. Tout ce petit monde à l’air décontracté, au calme avant la tempête d’un concert à venir.
L’entame de l’album se fait plutôt en douceur, acoustique, avec un banjo dans la plus pure tradition Country américaine. On retrouvera aussi ce type d’intro sur Dead
Man Walking. Et à l’écoute du premier morceau, Thats how I like It, on sait tout de suite qu’on va avoir le droit à ce que
Lynyrd Skynyrd sait faire de mieux. Tout y est, les choeurs puissants sur le refrain, les parties de slide disséminées dans les rythmiques et de superbes soli partagés entre les guitaristes. Le texte de ce titre fait une fois de plus référence à l’Amérique profonde, celle qu’affectionne le groupe et qu’il vante depuis son premier opus. On y parle de la vie de tous les jours, de son amour pour le drapeau Américain, de femmes, de bières et de la campagne. Le groupe y fait même une allusion au fait de se retrouver sur scène et y remercie le public qui le suit depuis tant d’années. Le même sujet sera utilisé entres autres sur
Red, White and Blue mais puissance dix.
Avec ce
Vicious Cycle,
Lynyrd Skynyrd est ici au sommet de son art. Il puise dans tout ce qui a fait sa renommée pour nous sortir des morceaux qui feront date dans la carrière du groupe.
Les influences de toujours sont omniprésentes et distillées avec bonheur au fur et à mesure des 14 titres que compte l’album (on mettra de coté pour l’instant la reprise qui clot l’album...). On s’imprègne donc de Country (Dead
Man Walking) ou de Soul (Pick Em Up, Sweet Mama, Rockin’ Little Town).
On l’a souvent dit dans les précédentes chroniques mais la force de Lynyrd réside dans la composition de titres au tempo plutôt lent. C’est toujours le cas ici.
Red, White and Blue va rejoindre sans problème les Simple
Man, Freebird et autres
The Last Rebel au firmament des morceaux incontournables du groupe.
Et comme par hasard, Bill Powell livre là une de ses plus belles interventions de l’album. A croire qu’il ne sort du placard que pour les titres de légende...Car on ne peut pas dire qu’il illumine toutes les compositions de cet album par ses apparitions. Hell or Heaven confirme cet état de fait avec son intro au piano plutôt classique et ses petites touches de claviers. Ce titre, avec l’utilisation d’un ensemble à cordes est un poil moins réussi que
Red, White and Blue mais n’en reste pas moins excellent. Tout comme Crawl, complétement dans la même veine. Par contre Life’s Lessons et son coté ballade limite mièvre par moments (hormis les parties soli) est plus dispensable sans être non plus complétement à jeter.
Et pour clôturer ce qui touche au claviers, on retrouve l’ambiance et le son piano bar sur Sweet Mama ou Rockin’ Little Town et on entend bien que Powell et là tout à fait dans son élément.
Pour ce qui est de la guitare et de ses dérivés, ce
Vicious Cycle en est rempli jusqu’à la gueule. Acoustique, slide, électrique, tout y passe. Rick Medlocke, Gary Rossington et Hughie Thomasson forment un trio absolument exceptionnel de cohésion et de maturité. A écouter leurs interventions, on a l’impression qu’ils évoluent ensemble depuis des lustres. Et cela se voit dans la composition des morceaux, puisqu’ils sont à la base de 11 des 14 titres.
Certains soli nous ramènent parfois au son et au phrasé utilisé par Billy Gibbons de ZZTop (Mad Hatter,
The Way et son soli final). Et la structure de Jake n’est pas si éloignée de ça d’un
Whitesnake par exemple.
Red, White and Blue perpétue la tradition des fins à rallonge dont on aimerait qu’elles ne finissent jamais. Les petits soli joués à deux guitares sont toujours aussi prenants et jouissifs.
Lynyrd Skynyrd se permet même des choses plus modernes comme All Funked Up dont le départ du titre n’aurait pas fait tache sur un album de
Blackfoot. Mais le reste, au rythme saccadé se rapporte beaucoup plus aux années 2000 qu’aux années 70.
Les guitares savent aussi faire dans la sobriété pour laisser de la place aux autres (Hell or Heaven) mais même avec de rares interventions, elles nous rappellent que ce sont elles les maitres de cérémonie chez
Lynyrd Skynyrd.
Le groupe se permet quelques effets sur la voix à la limite de la Pop (
The Way) dont on aurait pu se passer. Mais Johnny sait toujours faire passer les émotions avec brio, des passages les plus calmes aux plus agressifs. Hell or Heaven en est la parfaite illustration.
Les choeurs féminins sont globalement moins présents et surtout sur les titres à tendance Soul (voir plus haut) et lents (Hell or Heaven). Ces morceaux sont d’ailleurs le plus souvent accompagnés d’une section de cuivres (Pick Em Up, Sweet Mama, Rockin’ Little Town).
Evans s’en sort plutôt bien même si la discrétion semble être le maitre mot de sa participation. Il est dommage qu’il ne soit pas crédité pour les lignes de basses du morceau hommage à son prédécesseur, Mad Hatter, dont l’intro aurait surement plu à Wilkeson qui était l’un de ses bassistes favoris.
Michael Cartellone assure lui aussi, et on lui permet même un éphemére moment de gloire, l’intro de Crawl. Finalement, on peut dire sans problème que le changement total de la base rythmique du groupe n’a en rien modifié l’assise et le groove des titres, il n’y a qu’a écouter Jake pour s’en rendre compte.
On pourra quand même reprocher à cet opus, un enchainement final de plusieurs titres assez mous qui auraient pu être placés autrement dans la tracklist afin d’éviter de donner l’impression que le groupe est en roue libre. Un léger sentiment de remplissage laisse un gout quelque peu amer même si les titres sont plus que correct.
Quant à l’immonde reprise de
Gimme Back My Bullets en compagnie de
Kid Rock qui clôture l’album, il vaut mieux l’oublier dés la fin de son écoute si on est parvenu à la supporter jusqu’au bout. Un seul mot vient à l’esprit, c’est nullissime et surement la pire chose que le groupe ait pondu...
Malgré l’acharnement du sort sur le groupe,
Lynyrd Skynyrd a une fois de plus su se relever de l’épreuve de la perte d’un de ses membres emblématique.
Vicious Cycle permet à la formation de rester en haut de l’affiche et démontre ainsi qu’il faut toujours compter avec elle en 2003.
Je sais qu'il existe un bouquin qui concerne cette affaire "The Unsolved Murder of Leon Wilkeson", qui n'a malheureusement jamais été traduit en français :-(
Merci pour cette suite de l'histoire... Un album PUR SOUTHERN ROCK !
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