Ce feu qui brûle sur
We Go Way Back, c’est celui d’une véritable passion, qui a su consumer Renaud Brustlein au point qu’il nous livre un récit de vie sur cet album bien différent de ses prédécesseurs. Mêlant le caractère personnel, intimiste, auquel
H-Burns a été associé depuis ses débuts, à un nouveau son plus énergique, voire électrique, cet opus donne à écouter une histoire presque banale, mais nourrie par des sentiments forts et des paroles réfléchies qui laissent des traces dans l’esprit de l’auditeur.
Cet album se savoure, sans limite de temps, pendant ces heures où il fait trop gris dehors et dedans, dans un bon fauteuil avec une tasse de thé, à se rappeler de bons et mauvais moments, à les décortiquer, à cogiter tout simplement. Rien de foncièrement triste sur ce
We Go Way Back, rien de très gai non plus, plutôt un flashback mélancolique d’une année qui marque. On bouge tout de même sur le titre « Fires In Empty Buildings », où
H-Burns abandonne pour un temps son son folk acoustique pour s’inspirer du rock indie des 90’s. La batterie s’affirme, la mélodie se fait plus entraînante même si le morceau reste recouvert de cet épais brouillard dont
H-Burns semble ne jamais se défaire. Juste de quoi déclencher des pincements au cœur, mais sans aller jusqu’aux larmes, nos hommes ont l’art de la subtilité, la preuve avec la sublime « Are You Scared of the Dawn ? », portée par le piano et la voix tremblante de Renaud. Quelques rayons de soleil sont tout de même là pour réchauffer l’opus, tels le morceau « Half A
Man/Half A Freak » qui vient apporter une touche d’optimisme à la production, malgré une guitare électrique presque larmoyante.
H-Burns semble ainsi avoir voulu innover en provoquant autant d’émotion que par le passé, sans rester dans le minimalisme. Mais le groupe est loin d’avoir renié ses origines puisque certaines pistes ont un goût d’Amérique et une couleur folk, comme « I
Can Haunt You » et sa mandoline qui semble rythmer un long voyage à travers les plaines. La destination : Toronto, où le groupe retrouve Tony Dekker des
Great Lake Swimmers pour un duo mélancolique à souhait, ce « Lonely Nights on
Queen St » où l’on s’imagine marchant sans but, abandonné sous la pluie, touchant le fond au fur et à mesure que l’album défile. Heureusement, « Melting Point » arrive au bon moment pour relever l’auditeur, et du coup son côté moins personnel, presque commun par rapport aux autres groupes de pop/folk en vogue, ne saute pas aux oreilles directement.
Et une fin en beauté avec « I
Can’t Kill The World », tout simplement envoûtante, sombre sans être dépressive, et dont les paroles percutantes sont véritablement mises en relief par la simplicité de l’instrumentation, juste dosée pour que le message prenne tout son sens. Bref, ce
We Go Way Back est basé sur une alchimie fragile mais addictive, avec lequel on peut vivre une longue histoire, plus routinière que passionnelle, mais c’est bien pendant ces tristes après-midis brumeux que l’on apprécie vraiment le fait d’être aimé.
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