En 1984, David Coverdale avait finir par franchir le pas et se lancer dans la conquête des Etats-Unis avec un "Slide It In" en partie réenregistré pour une édition spécialement destinée au marché nord-américain, en profitant au passage pour sérieusement remodeler le line-up de son groupe. Ce sont finalement le vétéran Aynsley Dunbar (
John Mayall, Franck Zappa,
John Lennon,
Lou Reed,
David Bowie,
Journey…) à la batterie, le fidèle Neil Murray de retour à la basse, et le charismatique John Sykes (
Thin Lizzy, Tygers Of Pan Tang) à la guitare, qui l’accompagnent pour ce nouvel opus. Malheureusement, quelques problèmes de santé vont repousser l’enregistrement des parties vocales et c’est finalement un line-up complètement différent qui accompagnera Coverdale sur les routes pour défendre cet album éponyme, couramment appelé "1987". Voilà qui explique les présences de Tommy Aldridge (batterie), Rudy Sarzo (basse), Vivian Campbell et Adrian Vandenberg (guitares) sur les différentes vidéos liés à cet album, le dernier nommé ayant cependant participé aux enregistrements en tant que guest.
Il aura donc fallu attendre 3 ans pour pouvoir enfin se faire un avis sur ce qu’il est possible de considérer comme un album charnière dans la carrière de David Coverdale et de son 'serpent blanc'. Car c’est bien à une véritable mue que nous assistons ici. Fini le Hard-Rock bluesy et groovy de la première partie de carrière. C’est à un Hard US puissant et joliment carrossé que nous avons désormais affaire. Les claviers se font discrets mais apportent un note FM indispensable pour les radios nord-américaines, la rythmique est puissante et efficace, les guitares sont tranchantes, et le frontman fait étalage de tout son talent, capable de se montrer éclatant et explosif, aussi bien que sombre ou enjôleur. Majoritairement composés par le duo Coverdale / Sykes (7 sur 9), les titres sont de véritables démonstrations, balançant entre un Hard-Rock’n’Roll direct et bigrement accrocheur ("Bad Boys", "Straight For The
Heart" ou l’irrésistible "
Give Me All Your Love Tonight") et un Heavy-Rock plus puissant et faisant preuve d’une profondeur à la fois touchante et surprenante. A ce titre, "
Still of the Night" se veut monumental et envoutant, mené de mains de maitres par un David Coverdale magistral et un Sykes lumineux, avec un break central majestueux passant d’une ambiance aérienne à un solo éblouissant en passant par une montée en puissance toute en maitrise.
Aux côtés des morceaux composés avec Sykes, Coverdale insère 2 titres de "Saints & Sinners" qu’il revisite de telle manière qu’ils se fondent parfaitement dans l’ensemble. "Crying In The Rain" est l’occasion d’une démonstration du chanteur, à la fois puissant et profond, sombre et lumineux, pour une version qui bombe bien plus le torse que l’original, alors que "
Here I Go Again" se voit paré d’atours à même de séduire les Etats-Unis avec ses variations de tempo et un Coverdale à nouveau en pleine démonstration. Rajoutez à cela l’imparable ballade mid-tempo "
Is This Love" qui réussit à se faire envoutante sans sombrer dans la mièvrerie et dont la carrosserie mainstream est taillé pour le marché ricain, ainsi que qu’un "Children Of The Night" à la structure moins immédiate mais à l’efficacité sans faille et au refrain immédiat, et enfin un "Don’t Turn Away" clôturant l’ensemble sur une note plus mélancolique, et vous obtenez un album tout simplement incontournable.
David Coverdale a donc réussit son pari de conquérir l’Amérique du Nord, et il a également définitivement fait de
Whitesnake, son navire sur lequel il règne sans partage. Avec "
Whitesnake" (ou "1987"), il impose également un changement de cap aussi brutal que majestueux et nous offre un album qui marquera le paysage du Hard-Rock pour les décennies à venir, même s’il ne manquera pas de créer la polémique au sein de sa fan-base.
P.S : A noter la présence de Tawny Kitaen dans tous les clips de cet album. Désormais Madame Coverdale, l’actrice et top-model était déjà connue dans le milieu en tant qu’ex petite amie de Robin Crosby (Ratt) et apparaissant sur les pochettes des 2 premiers albums ("Ratt" et "Out Of The Cellar") du combo californien.
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