Nul n’est prophète en son pays
Cette expression va comme un gant
à
Phoenix tellement le public hexagonal semble faire la fine bouche ou plutôt
la fine oreille aux élans pop-rock de ce quatuor originaire de Versailles. Malgré
tout, devant la reconnaissance dont ils bénéficient aux États-Unis, en Amérique
du Sud, au Japon, au Royaume-Uni, en Allemagne ou dans les pays scandinaves,
nul doute que Thomas Mars (chant), Deck D’Arcy (basse), Laurent Brancowitz et
Christian Mazzalai (guitares) ne doivent pas se faire particulièrement de mouron.
A quoi bon quand on devient le premier groupe français à avoir l'honneur d’être
invité sur le plateau du Saturday Night Live de NBC, émission mythique du petit
écran US et que son dernier opus s’empare d’une 37ème place au Billboard 200,
classement référence des 200 meilleures ventes d'albums sur le sol américain.
Une certaine consécration ! Un gage de qualité ? Rien n’est moins sûr !
Quoique…
En effet, dur de se remettre de
la claque infligée en guise d’amuse-gueule par l’enchaînement « Liztomania »/« 1901 » !
Les guitares y font des miracles, la batterie énergétique, des touches de synthé
bien goûtées. Et que dire de ces refrains qui inonderont vos neurones musicaux
pendant plusieurs jours ? Vous vous retrouverez à fredonner un
« Liztomania » ou « Falling, Falling, Falling, Falling »
sans vous en rendre compte tout en tapant frénétiquement dans le vide
comme sur une batterie ! Après cette délicieuse mise en bouche, « Fences »
fait office d’entremet pour du
Phoenix pur et dur aux envolées vocales
croustillantes et une ambiance atmosphérique de première qualité. Le répit est
cependant de courte durée puisque le véritable plat de résistance de Wolfgang
Amadeus
Phoenix est déjà sur la table : le dénommé «
Love Like
A Sunset », titre de plus de 7 minutes aux sonorités progressives et
électro. On se tromperait presque à créditer cette plage aérienne à leurs potes
de Daft Punk ou Air, si la voix si distinctive de Thomas Mars ne venait
conclure ce morceau inattendu.
Dommage que la suite de la carte
manque singulièrement de goût : quelques bonnes doses d’épices bien relevées
n’auraient pas été de refus pour faire monter la sauce. Malgré des morceaux
bien construits et produits, une impression de déjà-vu s’installe. Les synthés
de « Rome », le refrain sympathique de « Countdown »,
l’introduction synthé/batterie et le riff bien senti de
« Girlfriend » : ces pop-songs plus simples sont loin d’être
dépourvues d’intérêt mais ont du mal à tenir la comparaison avec les premières
plages. Probablement à cause du manque de variations tonales chez Mars qui nous
donnent l’impression d’écouter le même morceau sur plusieurs titres. En
revanche, on ne boudera pas son plaisir avec « Armistice » en
dessert.
Encore une fois,
Phoenix
impressionne par sa maîtrise instrumentale et sa pop tellement anglo-saxonne
qu’on a encore du mal à croire qu’ils sont bel et bien Français. Avec une
première partie ultra-tubesque, les quatre Versaillais parviennent à convaincre
qu’ils tiennent la dragée haute à des groupes tout aussi originaux mais
beaucoup plus populaires (tout du moins en France) tels que les Strokes. Un bon
album donc, qui mérite largement qu’on s’y attarde,
Phoenix étant les rois du grower,
albums dont tout l’intérêt ne se révèle qu’au fil des écoutes. En tout cas, ils
devraient sans problème conquérir de nouveaux disciples sur leurs propres
terres !
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